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Elargissement de la PrEP contre le VIH : "Une bonne nouvelle dans une période où la pandémie de Covid a altéré l'offre de soins et modifié les comportements"

Pascal Pugliese, médecin au CHU de Nice et président de la Société française de lutte contre le sida, réagit à l'autorisation donnée ce mardi à tous les médecins de prescrire le traitement préventif PrEP contre le VIH.

Article rédigé par franceinfo
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Une campagne d'information sur la PrEP dans le métro parisien en juillet 2018. (ERIC CHAVEROU / FRANCE-CULTURE)

"C'est une bonne nouvelle qui arrive à point nommé dans une période où le confinement et la pandémie de Covid-19 ont altéré l'offre de soins, et modifié les comportements", affirme mardi 1er juin sur franceinfo Pascal Pugliese, médecin au CHU de Nice et président de la Société française de lutte contre le sida, alors que tous les médecins sont autorisés, à partir de mardi, à initier le traitement préventif PrEP |Prophylaxie Pré-Exposition] contre le VIH.

franceinfo : Est-ce une bonne nouvelle selon vous dans la lutte contre le VIH ?

Pascal Pugliese : C'est une très bonne nouvelle. Cela va permettre de proposer la PrEP à des personnes qui sont exposées au VIH et qui ne viennent pas vers les soins spécialisés, et donc d'élargir le nombre de personnes qui vont pouvoir bénéficier d'une stratégie de prévention, qui a effectivement montré toute son efficacité depuis cinq ans, maintenant, qu'on l'utilise en vie réelle. C'est une décision qui a été prise il y a à peu près deux ans. Il a fallu avoir une réflexion réglementaire, puisque ce sont des médicaments qui sont normalement réservés à des médecins spécialistes. Donc, il a fallu trouver la clé, et puis aussi créer une plateforme de formation pour accompagner les médecins généralistes vers l'utilisation de la prophylaxie pré-exposition. C'est une bonne nouvelle qui arrive à point nommé dans une période où le confinement et la pandémie de Covid ont altéré l'offre de soins, et modifié les comportements.

La pandémie a-t-elle eu une incidence plus globale sur le dépistage du VIH de manière générale ?

Les chiffres de l'Assurance maladie montrent très clairement un frein sur le dépistage, l'offre de soins a été altérée. Il y a aussi les acteurs de prévention qui n'ont pas pu aller faire ce qu'on appelle de "l'aller vers', c'est-à-dire aller vers les publics les plus vulnérables pour faire des tests, en raison des barrières et des mesures de distanciation nécessaires. On a constaté une augmentation de la prophylaxie pré-exposition, depuis quatre ans, avec une cassure l'année dernière, notamment dans les initiations de PrEP. Donc la prescription en ville va permettre de relancer un petit peu cette prescription. En France, c'est toujours à peu près entre 6 000 et 7 000 nouvelles contaminations par an. Actuellement, on sait qu'on a tous les outils pour mettre fin à l'épidémie. L'objectif de la Stratégie nationale de santé sexuelle, c'est d'atteindre zéro nouvelle contamination d'ici 2030. Et on a plusieurs stratégies de prévention, ce qu'on appelle les préventions combinées. C'est de répéter le test du dépistage, mettre toutes les personnes séropositives sous traitement, et ça, je crois qu'on y arrive bien en France, puisque quand on est sous traitement et avec une charge virale qu'on appelle indétectable, on ne transmet pas le virus à son ou ses partenaires. Et puis, c'est la prophylaxie pré-exposition qui permet de donner des médicaments à des gens qui sont séronégatifs et qui sont exposés au virus du VIH.

Prendre la PrEP, ça ne veut pas dire qu'on se passe du préservatif pour autant ?

La PrEP ne protège que contre le VIH, il y a d'autres infections sexuellement transmissibles que le préservatif permet d'éviter. Les personnes qui sont suivies sous PrEP sont vues tous les trois ou quatre mois par leur médecin. On va dépister l'efficacité du traitement et le recueil du dépistage des autres infections sexuellement transmissibles qu'on va pouvoir traiter. Et puis, il y a aussi une offre de vaccination puisqu'il y a des vaccinations contre l'hépatite B, l'hépatite A ou le papillomavirus qui sont nécessaires à l'ensemble de la santé sexuelle de toutes les personnes. Les personnes engagées dans la PrEP s'engagent dans une offre de santé sexuelle pour leur bien-être et leur santé sexuelle.

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