Droit à l'oubli pour les personnes séropositives sous traitement : "Notre combat est de dire qu'on peut très bien vivre avec le VIH"
Pour Camille Genton, à l'origine du manifeste "nous sommes tous positifs", les discriminations à l'encontre des personnes atteintes du sida perdurent. "Si le traitement est pris sérieusement" on peut vivre "quasi-normalement avec le VIH", rappelle-t-il.
Une centaine de personnes séropositives sous traitements – donc non contaminantes – demandent, un droit à l'oubli, dans un manifeste intitulé "Nous sommes tous positif.ve.s", publié vendredi 29 septembre. A l'origine de ce manifeste : Camille Genton, entrepreneur à succès à la tête de neuf restaurants parisiens et lui-même atteint du sida. Il dénonce "la double peine" qui frappe les séropositifs, qui doivent payer des surprimes auprès des assureurs ou qui ne peuvent exercer un certain nombre de professions comme, policier, gendarme ou sapeur-pompier.
franceinfo : Qu'est-ce qui vous a conduit à écrire ce manifeste ?
Camille Genton : Ce manifeste, porté par la société civile, est là pour dire que des discriminations perdurent à l'encontre des personnes séropositives. Ce qui m'a poussé à l'écrire, c'est une banquière qui, il y a sept ans, m'a dit 'vous n'êtes plus apte à contracter un crédit' et en l'occurrence à ouvrir mon premier restaurant. J'ai ouvert mon premier restaurant quand j'ai appris que j'avais cette maladie. On va ouvrir le dixième bientôt. La preuve me paraît plutôt criante. Le regard de la société avance presque plus lentement que la science, qui a fait énormément de progrès aujourd'hui. Notre combat est de dire qu'on peut très bien vivre avec le VIH, en France.
La séropositivité de provoque-t-il toujours de la honte et de la peur ?
Le VIH fait peur et comme c'est une maladie sexuellement transmissible, c'est forcément un peu sale et honteux. On le ressent au travers du regard des autres. C'est surtout l'ignorance qui entretient ces préjugés. On a la chance d'être en France, les traitements ne coûtent rien. Un patient traité est un patient qui n'est plus contaminant. C'est important de le redire, on a la même espérance de vie que la moyenne des Français. Les surprimes [des assureurs] n'ont plus lieu d'être. Moi, j'ai des rapports sexuels depuis sept ans sans préservatif, sans risque pour mon partenaire. On vit quasiment normalement, il ne faut pas banaliser, mais il ne faut pas stigmatiser non plus.
Votre objectif en publiant ce manifeste, c'est de mettre fin à certains discriminations, comme l'interdiction d'exercer certains métiers comme gendarme ou policier ou encore sapeur-pompier quand on est séropositifs ?
Ce sont des questions qui ont énormément évolué et qui sont en train d'évoluer. En fait, c'est une double peine qui est un peu insidieuse et pernicieuse dans le sens où on ne vous dit jamais que vous ne pouvez pas parce que vous êtes séropositif. On ne vous donne jamais un refus de prêt parce que vous êtes séropositif. Ce sont des raisons différentes qui sont invoquées et qui sont un peu plus pernicieuses. Cependant, je pense que les mentalités sont en train d'évoluer et la chance que j'ai d'être dans un milieu privilégié m'oblige à prendre la parole pour d'autres. Les pouvoirs publics ont le rôle du législateur. Ils peuvent soutenir les conventions qui sont mises en place, ils peuvent faire de la prévention, ils peuvent être, et ils le sont d'ailleurs, aux côtés des associations. Il faut, enfin, faire un travail quotidien de prévention auprès du grand public.
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