Une enquête diligentée par la Smerep, la sécurité sociale des étudiants, a révélé en novembre que 43% des étudiants (57% en Ile-de-France) n'utilisent pas le préservatif à chaque rapport. Pire, 14% des étudiants et 9% des lycéens ne se protègent jamais, un étudiant parisien sur cinq serait dans le même cas...Pour Pierre Faivre, chargé de prévention à la Smerep, ces chiffres sont particulièrement inquiétants à trois niveaux : le préservatif n'est absolument pas systématique ; le dépistage est négligé puisqu'après un changement de partenaire, près de trois étudiants sur quatre et 81% des lycéens ne se font pas dépister ; 9% des étudiants en IDF et 13% en France pensent que l'on peut guérir du VIH avec les traitements actuels, ce qui est erroné.L'éducation sexuelle insuffisanteCes données traduisent les failles de l'éducation sexuelle, dont les cours ne sont pas suffisants ni pertinents. Les informations divulguées sont mal reçues par les jeunes et entravées par celles qu'ils vont chercher sur Internet et qui ne sont pas contrôlées. A l'âge où l'on se sent immortel, les infections sexuellement transmissibles (IST) leur paraissent tellement lointaines qu'ils se protègent peu…"Ils ont tous eu des cours théoriques d'éducation sexuelle, analyse Pierre Faivre, mais en pratique, ils ne savent pas utiliser correctement un préservatif. Ils oublient les conseils basiques, comme le fait d'ouvrir l'étui avec des ciseaux, de pincer le réservoir, de se retirer rapidement après l'éjaculation." Ces informations qui paraissent simples et basiques, ne le sont pas en pratique. Selon le chargé de prévention, les cours concernant le préservatif et la contraception sont effectués trop tôt, au collège, alors que l'âge du premier rapport est de 17 ans. Des séances de rattrapage sembleraient intéressantes au lycée, en insistant sur l'aspect pratique.Autre problème évoqué par Pierre Faivre : les jeunes conçoivent le préservatif pour se protéger eux-mêmes (à 78%), non pour protéger l'autre (38%). Lorsqu'ils estiment qu'ils n'ont pas pris de risque (ce qui n'est pas forcément vrai), ils ne se protègent pas et peuvent exposer leur partenaire à une IST. Or une vie sexuelle mature intègre le partenaire, aussi bien dans la protection que dans le dépistage : elle signifie se protéger, protéger l'autre, se faire dépister et inciter l'autre à se faire dépister.Mais les lycéens et étudiants ont une très mauvaise connaissance des structures médicales qui sont dédiées au dépistage… Ils ne savent pas toujours où aller pour se faire dépister en cas de rapport à risque ou dans le but d'arrêter le préservatif, dans une relation de confiance. Ils ne connaissent pas forcément les centres effectuant un dépistage anonyme et gratuit du VIH et des IST. Un médecin peut également faire une ordonnance et la prise de sang sera réalisée dans n'importe quel laboratoire d'analyses sanguines.Prévention et information contre les IST"La Smerep et les structures régionales ont donc organisé dans toute la France des actions de prévention et d'informations, explique le chargé de prévention. Le 1er décembre, elles seront bien sûr ciblées sur le VIH. Des TROD, test de dépistage rapide, seront proposés, et même dans certaines universités des dépistages urinaires du chlamydia". D'autres évènements se dérouleront au cours de l'année à propos des IST et de la contraception.Mais ces actions ponctuelles ne sont hélas pas suffisantes."Il faut revoir l'éducation sexuelle, estime Pierre Faivre. Les générations passées s'étaient appropriées le VIH, ce qui n'est plus le cas. Il faut donc repartir sur une prévention active, en faisant appel aux associations s'occupant du VIH et des IST".Autre terrain à investir : les établissements scolaires et les facultés, avec la mise à disposition de distributeurs de préservatifs et d'informations sur le dépistage.Selon des données présentées le 1er décembre 2015 par l’InVS dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire, en 2013, 726 jeunes de 15 à 24 ans ont découvert leur séropositivité VIH. Ceci représente 11,7% de l’ensemble des découvertes en France sur l’année considérée. Rapporté à la population du même âge, le taux de contamination est de 92 pour un million d’habitants.Parmi les 686 jeunes adultes (18-24 ans) diagnostiqués en 2013, les deux tiers (68%) étaient des hommes, contaminés dans 75% lors de rapports sexuels entre hommes. Par rapport à 2003, le nombre de découvertes de séropositivité VIH dans ce groupe a fortement augmenté (+157%). La quasi-totalité (98%) des jeunes femmes ont été contaminées lors de rapports hétérosexuels ; 71% d’entre elles étaient nées à l’étranger.L’InVS précise que 524 adolescents de 15-17 ans ont découvert leur séropositivité VIH entre 2003 et 2013. Près des deux tiers étaient des femmes (65%), là aussi essentiellement nées à l’étranger et contaminées par rapports hétéro- sexuels. Près de 6% des découvertes chez les adolescents étaient liées à une transmission du VIH de la mère à l’enfant, diagnostiquée tardivement.