Décoration des ongles : les professionnels peu protégés face aux produits chimiques
Dans les salons de soin de l’ongle, "700 substances sont présentes dans la composition des produits utilisés ou dans les atmosphères de travail. 60 de ces 700 substances ont été jugées très préoccupantes à cause de leur classe de danger la plus élevée [cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction ou potentiel perturbateur endocrinien]", alerte l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Des chiffres tirés de son rapport d’expertise sur l’évaluation des risques pour les professionnels du secteur, publiée le 23 novembre.
Aucune mesure de protection
Conséquences de cette exposition : des allergies cutanées, de l’asthme ou des maux de tête. "Dans plus de la moitié des cas, la pathologie diagnostiquée est imputée à l’exposition à la famille des (méth)acrylates", précise l’agence, qui ajoute que "les produits utilisés pour la cosmétique ongulaire et principalement mis en cause dans les pathologies diagnostiquées sont les produits de façonnage de l’ongle artificiel (gel, résine) contenant des monomères (méth)acryliques sensibilisants, irritants voire neurotoxiques".
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Mais ce n’est pas tout. En effet, l’Anses a constaté dans ces salons "la présence de composés organiques […] dans l’air, dont certains sont des agents neurotoxiques". Les prothésistes et esthéticiennes sont par ailleurs exposés à des particules liées au ponçage de l'ongle et des résines qui y sont appliquées. Des particules dont les effets sont pour l’instant inconnus. Malgré ces fortes concentrations en substances toxiques, la plupart des professionnels ne prennent pas les mesures de protection nécessaires : "La ventilation générale, la ventilation localisée de type table aspirante, le port de gants et de masques de protection contre les poussières, sont peu mises en œuvre par ces professionnels."
Une mauvaise connaissance de la langue française qui nuit à la prévention
L’Anses met donc à disposition des professionnels – les prothésistes ongulaires et les esthéticiennes – mais aussi des pouvoirs publics et des institutions de recherche, une liste de recommandations. Elle conseille, entre autres, de penser à des produits de substitution, et demande aux pouvoirs publics de mieux évaluer les risques. Elle évoque en outre la création d’un diplôme de prothésiste ongulaire, dans le but de mieux informer les professionnels des risques encourus. On estime qu’aujourd’hui, il existe environ 4 700 prothésistes ongulaires. Mais "il est difficile d'estimer exactement le nombre de professionnels en exercice, cette activité étant en forte croissance", rappelle l'Anses. Par ailleurs, elle note que la plupart de ces professionnels sont d'origine chinoise et connaissent mal la langue française, ce qui peut "nuire à la compréhension des messages de prévention".
En 2009, la Direction générale de la santé (DGS) avait demandé à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) d’évaluer le risque lié aux produits utilisés dans les salons de soin des ongles. En effets, ceux-ci contiennent du toluène, un produit nocif et écotoxique. L’ANSM avait alors saisi l’Anses.
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