Mieux vaut retarder le vieillissement que cibler le cancer
D'après une étude américaine, miser sur la recherche contre le vieillissement serait plus intéressant en matière de santé publique que de chercher à vaincre le cancer.
Selon une étude américaine publiée mardi 8 octobre dans la revue américaine Health Affairs (en anglais), retarder le vieillissement est un meilleur investissement de santé publique que le fait de se concentrer sur la recherche sur le cancer et les pathologies cardiaques qui en résultent. De récentes avancées scientifiques suggèrent que ralentir la dégénérescence de l'âge serait possible, et que même un succès modeste dans ces recherches aurait un effet visible sur la santé des personnes de 65 ans et plus entre 2030 et 2060, selon ces chercheurs.
Il y aurait ainsi 12 millions de personnes du troisième âge supplémentaires en bonne santé en 2060 aux Etats-Unis, soit beaucoup plus que ne le permettraient les scénarios les plus optimistes quant à de nouvelles avancées contre le cancer et les maladies cardiaques, expliquent-ils. "Au cours des 50 dernières années, les plus importants gains de longévité ont résulté de la réduction de la mortalité due à des maladies cardio-vasculaires et au cancer", note Dana Goldman, responsable du Centre d'économie et de politique de la santé de l'université de Californie du Sud, un des principaux co-auteurs de cette recherche.
"Mais désormais l'espérance de vie en tant qu'handicapé augmente plus rapidement, laissant le nombre d'années qu'on peut espérer vivre en bonne santé inchangé, voire réduit", ajoute-elle. "Si on pouvait vieillir plus lentement il serait alors possible de retarder simultanément l'apparition et la progression d'un grand nombre de maladies invalidantes", explique cette chercheuse.
"Une approche fondamentalement nouvelle"
Réduire l'incidence du cancer de 25% au cours des prochaines décennies améliorerait à peine la santé de la population au cours de cette période, ce qui est aussi vrai pour les maladies cardiovasculaires, principale cause de mortalité dans le monde, montre le modèle développé par ces scientifiques. Selon eux, le même nombre de personnes plus âgées seront en vie mais handicapées en 2060, qu'on continue ou pas à trouver des moyens de combattre le cancer.
Une recherche précédente indiquait qu'éradiquer le cancer augmenterait l'espérance de vie d'environ trois ans. "Mais même un succès marginal pour ralentir le vieillissement aurait un énorme impact sur la santé publique et la qualité de vie, une approche fondamentalement nouvelle", fait valoir Jay Olshansky, de l'université d'Illinois à Chicago, un des co-auteurs de ces travaux qui plaide pour commencer les recherches sans attendre. La société Google a récemment annoncé la création d'une société, Calico, dont l'objectif est de s'attaquer au vieillissement.
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