Le sommeil rend les souvenirs plus accessibles
C’est bien connu, le sommeil aide à consolider les souvenirs de ce que l’on a vu, lu ou entendu la journée. Pendant que nous dormons, le cerveau se rejoue ce qu’il a appris, comme s’il récitait une leçon. Cette répétition lui permet de construire de nouveaux ponts entre les cellules nerveuses, les neurones, permettant d’ancrer ainsi les souvenirs.
Mais ce travail permet-il de protéger les souvenirs, les empêchant d’être "effacés" et ainsi oubliés ? Ou bien permet-il de faciliter l'accès à ces souvenirs, afin d'éviter qu’ils ne soient comme perdus sur une petite étagère, rendus introuvables au milieu d'une vaste bibliothèque ? C’est la question que s’est posée Nicolas Dumay, chercheur en psychologie expérimentale à l’Université d’Exeter.
Des souvenirs maintenus ou mieux retrouvés ?
Pour y répondre, il a analysé les résultats de deux études ayant porté sur des participants à qui l’on avait demandé d’apprendre de nouveaux mots avant de commencer leur journée ou le soir avant de se coucher. Chacun d’entre eux devait alors réaliser deux tests de mémorisation, le premier immédiatement après l’apprentissage et le second douze heures plus tard, soit après une journée d’activité ou une nuit de sommeil.
Le chercheur a alors classé les résultats en deux catégories : les mots "maintenus", ceux dont les participants se rappelaient lors des deux tests, et les mots "gagnés", ceux dont les participants se sont remémorés seulement après les douze heures d’expériences, mais pas lors du premier test.
Son hypothèse était la suivante : si le rôle principal du sommeil est de protéger les souvenirs pour éviter qu’ils ne soient "effacés", alors les participants ayant dormi devraient avoir un score plus important de mots "maintenus". Au contraire, si le sommeil rend les souvenirs plus accessibles, alors le groupe qui a dormi devrait avoir un meilleur score de mot "gagnés".
Une mémorisation des mots oubliés deux fois plus efficace
Les résultats ont montré que le nombre de mots "gagnés" (12,1%) lors du second test chez les dormeurs était moins important que le nombre de mots "maintenus" (57%). Mais élément plus marquant : après avoir dormi, les participants ont vu leurs chances de se souvenir d’un mot qu’elles n’avaient pas réussi à se remémorer la veille multipliées par deux. Les personnes ayant dormi ont récolté 16,9% mots "gagnés" lors du second test contre 7,3% pour le groupe resté éveillé.
"Ces résultats sont importants car ils démontrent qu’après avoir dormi nous sommes davantage susceptibles de nous souvenir les faits que nous ne pouvions pas nous remémorer pendant que nous étions éveillés", indique Nicolas Dumay. Pour le chercheur, le sommeil "améliore l’accessibilité des souvenirs, davantage qu’il ne les protège de la perte". Un peu comme si lorsque nous dormions, notre cerveau inscrivait une côte sur la bordure du "livre souvenirs", permettant ainsi de le retrouver plus facilement au réveil. Conclusion : rien ne vaut une bonne nuit de sommeil pour mieux se souvenir !
Source : Sleep not just protects memories against forgetting, it also makes them more accessible. Nicolas Dumay. Cortex. Juillet 2015. doi : 10.1016/j.cortex.2015.06.007
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