Lits d'hôpitaux fermés faute de personnel : des médecins dénoncent une situation "dramatique" en pédiatrie
L'épidémie hivernale de bronchiolite couplée aux fermetures de lits rend la situation particulièrement délicate dans les services pédiatriques des hôpitaux, selon le Collectif Inter-hôpitaux qui réclame des renforts.
Actuellement, des infirmiers, des médecins ou des aides-soignants manquent à l'appel en raison de démissions, ou d'arrêts maladie. 20% des lits à l'hôpital sont d'ailleurs fermés faute de personnel selon les chiffres du Conseil scientifique dévoilés jeudi 27 octobre. À ces difficultés, s'ajoute la saturation des services de pédiatrie en raison de l'épidémie hivernale de bronchiolite qui a débuté plus tôt que d'habitude cette année. Plusieurs professionnels de santé réunis dans le Collectif Inter-hôpitaux souhaitent dénoncer leurs conditions de travail.
La situation est "dramatique" selon Oanez Ackermann, pédiatre hépatologue à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre dans le Val-de-Marne. "Nous avons été contraints de fermer huit lits au début de l'été puis deux lits supplémentaires fin septembre soit 10 du service hépatologie pédiatrique", explique la médecin.
"En ce mois d'octobre nous n'avons pas pu accueillir cinq enfants en situation d'urgence vitale, soit pour une hépatite aiguë grave soit pour l'agravation brutale d'une maladie chronique du foie qui relevait d'une transplantation à tout moment."
Oanez Ackermann, pédiatre hépatologue à l'hôpital du Kremlin-Bicêtreà franceinfo
Sur le nombre de lits actuellement fermés, le ministère de la Santé et le professeur Isabelle Desguerre, neuropédiatre à l'hôpital Necker à Paris ne sont pas d'accord. "À ce jour, 20% des lits nécessaires sont fermés en pédiatrie", affirme la médecin. "Ce chiffre de 20%, nos tutelles s'empresseront de le contester. Ça relève du sport national. Je pense que cela relève du déni de réalité. Le problème n'est pas de savoir si c'est 19% ou 20%, le problème est de savoir que ça va mal."
"Tout le territoire" concerné
Le professeur Stéphane Dauger, chef du service de réanimation pédiatrique à l'hôpital Robert Debré à Paris, estime de son côté que la qualité des soins est dégradée partout en France. "Ça touche tout le territoire", déclare le professeur. "En 2019, on a entendu 'ça c'est une histoire de Parisiens, de professeurs parisiens', mais c'est exténuant et énervant d'entendre ça en permanence. Tous les services sont concernés tout est engorgé et les patients ne peuvent plus être pris en charge selon le minimum standard."
"On ne fait même plus ce qu'on apprend à nos étudiants, c'est-à-dire que ce que voient nos étudiants, ce n'est pas du tout ce qu'on leur explique de la manière de prendre en charge des enfants."
Pr Stéphane Dauger, chef de service de réanimation pédiatrique à l'hôpital Robert Debréà franceinfo
Tous les membres du Collectif Inter-hôpitaux réclament des renforts d'urgence dans les services de pédiatrie, essentiellement des infirmiers.
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