Difficultés dans la lutte contre Ebola en République démocratique du Congo
Une nouvelle attaque d'un centre de traitement d'Ebola (CTE) a causé samedi 9 mars 2019 la mort d'un policier. A Butembo l'un des principaux foyers de cette épidémie, la prise pour cible de ce centre témoigne des difficultés de la lutte contre le virus en République démocratique du Congo.
Cette nouvelle attaque a eu lieu quelques heures avant l'arrivée du directeur général de l'OMS dans cette ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus et sa délégation sont venus dans cette ville d’un million d’habitants faire le point de la situation de l'épidémie d'Ebola en RDC.
Ces violences entrent "dans le registre des résistances qui ne se font plus au niveau de la population, mais au niveau des groupes armés qui ciblent désormais des structures de santé avec pour objectif de tuer les malades", a expliqué le maire de Butembo, qualifiant les assaillants de "terroristes". La lutte contre l'épidémie a, à plusieurs reprises, été perturbée par des raids de groupes armés dans cette région de la RDC en proie à de multiples conflits.
L'ONG Médecins sans Frontières (MSF) a suspendu temporairement ses activités de lutte contre Ebola à Katwa et Butembo, dans la province du Nord-Kivu, à la suite d'attaques contre deux centres de traitement. "Nous sommes extrêmement attristés par ces attaques contre nos structures médicales", explique Hugues Robert, responsable des programmes d’urgence pour MSF. "Non seulement elles mettent en danger la vie de nos équipes, mais elles menacent les plus vulnérables dans cette situation : les patients", avait alors déclaré MSF.
Ebola n'est toujours pas sous contrôle
Plus de 30 attaques ont été menées contre le personnel de santé en un mois, a dit à Genève la présidente de l'ONG, dans la Tribune de Genève le 7 mars. L'organisation estime que l’épidémie de la maladie à virus Ebola n'est toujours pas sous contrôle dans les deux localités précédemment évoquées, Butembo et Katwa.
Selon MSF, la communauté internationale "a échoué" à répondre à Ebola en RDC. L’ONG dénonce une "militarisation" face au virus. Au début, peu de membres des forces armées étaient présents, mais la situation a ensuite changé, a expliqué Ousmane Sène, responsable du centre MSF de Butembo. Certains malades ont été contraints par l'armée de se rendre dans un centre de soins.
Butembo et Katwa, dans le Nord-Kivu, restent deux zones qui continuent à alimenter cette épidémie, d’après l’organisation. Plus de 86% des nouveaux cas y ont été confirmés au cours des trois dernières semaines.
Une situation difficilement mesurable
De plus en plus de malades préfèrent rester chez eux, ce qui rend la situation difficilement mesurable. Selon l'organisation, 40% des cas de décès ont encore lieu dans les communautés. "Cela signifie que ces malades ne viennent pas se faire soigner et dans plus d'un tiers de nouveaux cas, on ne sait pas comment ils ont contracté la maladie", précise RFI.
La dixième épidémie d'Ebola a été déclarée le 1er août 2018 dans la province du Nord-Kivu avant de toucher quelques jours plus tard la province voisine de l'Ituri (nord-est). Près de 900 cas ont été enregistrés, dont 563 décès, selon les autorités.
Malgré les difficultés, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) s’est dite pour sa part "optimiste", estimant que l’épidémie reste contenue et ne s’est pas propagée aux pays voisins.
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