: Vidéo June Almeida, la femme qui a découvert le premier coronavirus humain
Voici l'histoire d'une virologue écossaise oubliée qui a révolutionné la recherche sur les coronavirus.
June Almeida a été longtemps oubliée et pourtant elle a révolutionné la recherche sur les virus. C'est elle qui, en 1964, a identifié pour la première fois un coronavirus humain, au microscope électronique. Pas diplômée mais très déterminée, son parcours est une belle histoire d'ascenceur social.
Sans diplôme, elle commence comme technicienne de laboratoire
June Almeida naît en 1930, à Glasgow (Écosse), dans une famille modeste. Son père est chauffeur de bus et sa mère employée de magasin. Elle doit quitter l'école à l'âge de 16 ans, faute de moyens pour aller à l'université. Cela ne l'empêche pas de frapper à la porte de l'hôpital royal de Glasgow où elle est recrutée comme technicienne de laboratoire en histopathologie pour étudier des tissus malades au microscope.
En 1952, elle déménage à Londres et travaille à l’hôpital de St-Bartholomew où elle rencontre son futur mari, un artiste vénézuélien. Ensemble, ils partent s’installer à Toronto, au Canada, où elle est embauchée comme technicienne de microscopie électronique dans un institut de recherche sur le cancer. C'est à ce moment-là qu'elle commencera à se familiariser avec les virus, "notamment des virus qui sont responsables de tumeurs" et mettra en évidence, "pour la première fois, un virus dans les verrues communes", explique Martin Catala, neurologue, professeur d'histologie et auteur d'une biographie sur June Almeida.
Elle invente une méthode révolutionnaire pour repérer les virus
June Almeida invente une nouvelle technique simple mais très efficace pour observer la structure des virus. Elle prélève des anticorps de patients malades et les met en présence du virus. Les anticorps s’agrègent autour des particules virales et en utilisant la technique du contraste négatif, qui existait déjà, June Almeida peut identifier les virus. C'est cette technique qui a permis d'utiliser la microscopie électronique pour diagnostiquer des infections virales.
À ce moment-là, la virologue commence à faire de nombreuses publications et ses compétences commencent à être remarquées. Elle est appelée par A.P. Waterson, un professeur de microbiologiere qui lui propose de venir travailler à Londres à l'hôpital Saint-Thomas. Elle passera ses journées devant son microscope dans le sous-sol de l'établissement.
La découverte du coronavirus humain
En 1964, à 34 ans, elle est contactée par un médecin anglais, David Tyrrell, qui lui présente un virus ayant infecté un écolier.C’est là que June Almeida intervient et se rend compte que le virus qu’elle a sous les yeux appartient à une nouvelle famille qu’on connaît bien maintenant : les coronavirus. David Tyrrell et June Almeida s'inspirent du halo en forme de couronne qui entoure le virus et choisissent le nom "corona", qui signifie couronne en latin.
Le terme “coronavirus” apparaît pour la première fois en 1968 dans une note qui synthétise leurs recherches et celles d’autres virologues. June Almeida apparaît en première dans les signataires car la liste est rangée par ordre alphabétique, ce qui n'a pas tellement plu à ses collègues.
Elle n'a jamais eu le statut qu'elle méritait. Elle n'a jamais eu de position académique.
Marc Catala, neurologue et professeur d'histologie
Même si June Almeida a été oubliée et qu’il aura fallu une pandémie pour la découvrir, son héritage est aujourd'hui immense. Quand les scientifiques chinois ont découvert le virus du Sars-Cov-2, responsable du Covid-19, ils se sont servis de la technique d’observation de June Almeida, mise au point il y a demi-siècle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.