Vidéo Covid-19 : le trafic aérien pourrait retrouver son niveau d'avant crise "entre 2024 et 2027", estime le PDG du groupe ADP
Selon Augustin de Romanet, le tourisme d'affaires sera touché plus durablement. La gestion des tests dans les aéroports pourrait aussi freiner les envies de voyages.
"En ce qui concerne le niveau du trafic aérien, on estime que le niveau de 2019 pourrait être rejoint entre 2024 et 2027", a déclaré mardi 4 mai sur franceinfo Augustin de Romanet, PDG du groupe ADP, gestionnaire de 27 aéroports sur toute la planète, dont les aéroports de Paris.
Actuellement, le trafic aérien "est à un niveau extrêmement bas et il est comme un coureur de 400 mètres dans les starting-blocks. Je ne dis pas un coureur de 100 mètres parce que je ne suis pas sûr que ça va repartir comme avant", explique Augustin de Romanet. "Ce que nous vivons aujourd'hui, c'est une espèce d'attente qui est de savoir quelle sera la dimension d'une reprise dont nous savons qu'elle va exister", ajoute-t-il en citant le cas de la compagnie française Transavia qui prévoit un pic de vols pour le retour du pont de l'Ascension.
La gestion des tests au coeur de la sortie de crise
"Il y a une envie de voyager qui est très forte", assure le PDG d'ADP, mais d'après lui les décisions des autorités quant aux exigences sanitaires vont jouer un rôle. "Beaucoup va se jouer dans la capacité que les pouvoirs publics européens auront à établir, des règles simples, claires et qui ne conduisent pas à des engorgements dans les zones d'attente à l'arrivée des aéroports qui soient d'insupportables", poursuit Augustin de Romanet.
Pourquoi la reprise va-t-elle être si lente ? "Parce que, s'agissant des vols long-courriers, la viscosité est très, très grande", répond Augustin de Romanet. Il y a "un certain nombre de pays dans lesquels il ne sera plus possible d'aller simplement, sauf à faire des quarantaines. Personne ne sait aujourd'hui quelles sont les requêtes sanitaires pour aller dans tel ou tel pays d'Asie", explique-t-il.
Le PDG d'Aéroports de Paris pointe également "un certain nombre d'habitudes qui ont été prises" en lien avec la crise du Covid et avec les préoccupations écologiques. "Le code de bonne éducation a changé. Il y a encore deux ans, il était mal élevé de ne pas aller à l'autre bout de la planète pour voir le partenaire avec lequel vous signez un contrat. Aujourd'hui, il est mal élevé d'aller émettre du CO2 pour une réunion qui va durer deux heures". Augustin de Romanet dit se réjouir "de cette prise de responsabilité sur nos émissions de CO2".
Certaines compagnies ne se relèveront pas
Cette crise du trafic aérien et cette lente reprise à venir risque-t-elle d'entrainer des faillites de compagnies ? "Probablement oui, celles qui sont probablement les plus fragiles financièrement, notamment beaucoup de moyennes" compagnies, estime Augustin de Romanet, qui ne s'inquiète pas en revanche pour les plus importantes compagnies comme Air France qui est "une très belle marque et un actif qu'il faut préserver".
A terme, le PDG n'est "pas sûr qu'il y aura moins compagnies aériennes dans la mesure où c'est très facile de créer une compagnie aérienne. Vous louez des avions, vous achetez un site internet et il y a une très forte capacité du monde aérien à se renouveler".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.