Covid-19 : avec la cinquième vague, la fatigue et la résignation des soignants d'un service de soins intensifs dans un hôpital de Bruxelles
Entre absentéisme à cause des quarantaines, manque de lits et afflux de non-vaccinés, les soignants en service de soins intensifs du site Saint-Elisabeth des cliniques de l’Europe, au sud de Bruxelles, se préparent, comme ils le peuvent, à gérer la nouvelle vague de Covid-19 et son variant Omicron.
La porte entrouverte d'une chambre laisse filtrer les échanges de trois infirmières qui s'affairent autour d'un malade. Dans une chambre voisine, un jeune homme sous respirateur jette un œil fatigué sur une télé en marche. Dans ce service de soins intensifs de dix lits du site Saint-Elisabeth des Cliniques de l’Europe, au sud de Bruxelles, deux restent vides, faute de personnel, alors que la cinquième vague de Covid-19 s'annonce et que le variant Omicron du coronavirus se propage en Europe.
"Notre grosse problématique est clairement le taux d'absentéisme chez notre personnel, explique Saskia Liessens, manager au service des soins. Ils sont malades, Covid-19 ou non. On a beaucoup d'enfants en quarantaine et donc notre personnel ne peut pas venir."
"On n'a pas de prise sur ce qui nous arrive"
Ici, il faut deux infirmières à plein temps par malade. Blouse et pantalon bleu, le pas déterminé, cela fait six ans que le Dr Coenen travaille ici et quand on lui demande comment il va, il se dit résigné. "On n'a pas beaucoup de prise sur ce qui nous arrive, soupire-t-il. Donc on fait avec ce qu'on a comme arme et on est toujours aussi désolés de voir certaines situations familiales mal évoluer. Ça reste toujours des catastrophes humaines." Une catastrophe, précise-t-il, qui frappe essentiellement les non vaccinés. "Je suis triste de voir des malades qui ont pris la décision, qui est la leur, de ne pas se vacciner, déplore-t-il. Mais ils sont quand même fort malades."
"C'est triste de voir qu'ils n'ont pas réussi à avoir les informations nécessaires pour pouvoir prendre la bonne décision. Quand vous devez annoncer à une famille que c'est la fin, c'est attristant."
Dr Coenenà franceinfo
Même constat chez son chef de service, le Dr Collin : "Beaucoup d'entre eux le regrettent et la famille le regrette aussi, souvent, souligne-t-il. Nous, on fait notre boulot : je ne me pose plus de questions à ce niveau-là. Sinon, vous ne soignez plus les cancers du poumon du fumeur ou les infarctus. Donc on soigne tout le monde. Maintenant, on a ce nouveau virus qui est apparu et il faudra apprendre à vivre avec." Comme on a appris à le faire avec la grippe, poursuit le médecin, qui admet une certaine fatigue, après presque deux ans de pandémie.
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