Vaccination obligatoire des soignants : "On ne peut pas prendre le risque d'une transmission à l'intérieur de l'hôpital", estime le professeur Lelièvre
Aux soignants qui se montrent encore réticents, le chef de service des maladies infectieuses à l’Hôpital Henri Mondor à Créteil répond qu'on a désormais un "recul suffisant" pour être certains de l'efficacité des vaccins ARN et de leurs effets secondaires, "mineurs et exceptionnels", selon lui.
Le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chef de service des maladies infectieuses à l’Hôpital Henri Mondor à Créteil (AP-HP), expert à la Haute autorité de santé et auprès de l’OMS, a affirmé vendredi 2 juillet sur franceinfo qu'"on ne pouvait pas prendre le risque d'une transmission à l'intérieur de l'hôpital". Le gouvernement prépare un texte de loi pour rendre obligatoire la vaccination des soignants contre le Covid-19. Certains ne veulent pas se faire vacciner mettant en avant le manque de recul sur les vaccins. L'arrivée du variant Delta change la donne et pousse le gouvernement à envisager la contrainte. "On a besoin d'accueillir les autres personnes au sein des hôpitaux qui ne souffrent pas de Covid-19", explique Jean-Daniel Lelièvre.
franceinfo : Certains membres du personnel soignant ne veulent pas se faire vacciner. Ils mettent en avant le manque de recul sur les vaccins et avancent comme preuve une décharge que l'on ferait signer aux patients. Est-ce vrai ?
Jean-Daniel Lelièvre : Non. Absolument pas. S'il arrive quoi que ce soit, comme avec tout produit de santé, une indemnité pourrait être donnée. Donc, il n'y a absolument pas cette notion de décharge. Les gens qui vous vaccinent sont responsables de la vaccination.
N'est-il pas inquiétant d'entendre ce genre de fake news chez le personnel soignant ?
Évidemment, mais vous aurez toujours des gens qui sont réticents dans tous les corps de métier. Il est évident que sur l'ensemble des professionnels de France, vous aurez des soignants qui vont être opposés à la vaccination. Ce n'est peut-être pas ceux qu'il faut mettre en avant.
"Certains disent que les essais cliniques ne sont pas finis. C'est vrai. Mais la durée de ces essais cliniques, c'est pour voir l'efficacité au long cours de ces vaccins, ce n'est pas pour démontrer leur efficacité à moyen terme."
Pr Jean-Daniel Lelièvre, chef de service des maladies infectieuses à l’Hôpital Henri Mondor à Créteilà franceinfo
Avec les vaccins qui sont utilisés en France et les vaccins ARN qui sont les plus utilisés, on a un recul suffisant à la fois sur leur efficacité qui est très importante, et sur leurs effets indésirables qui sont vraiment mineurs et exceptionnels.
Faut-il rendre la vaccination obligatoire ?
Malheureusement, ça risque d'être une possibilité. Initialement, la Haute autorité de santé n'était pas favorable à l'obligation vaccinale pour tout un tas de raisons, parce que justement, au début, on n'avait pas le recul sur l'efficacité, sur l'ensemble de la tolérance, sur le fait que ce vaccin protégeait aussi contre la transmission. Et maintenant, sur ces trois paramètres, efficacité à l'échelon individuel, efficacité collective et très bonne tolérance, ce sont les trois éléments qui pourraient conduire, malheureusement, à une obligation vaccinale.
Est-ce que cela ne va pas braquer les plus réfractaires ?
Malheureusement, cela fait partie de l'équation. Mais pour autant, on sait qu'il y a eu au sein des hôpitaux des cas de transmission. On a besoin d'accueillir les autres personnes au sein des hôpitaux qui ne souffrent pas de Covid-19. Il est évident qu'on ne peut pas prendre le risque d'une transmission à l'intérieur de l'hôpital et donc, il faut que nos soignants soient le plus possible et de manière optimale, tous vaccinés.
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