Mettre en place la vaccination dans les collèges et lycées, "ce n’est pas forcément simple", estime Hubert Salaün, porte-parole de la PEEP
Le porte-parole de la fédération des parents d'élèves de l'enseignement public pointe la nécessité d'avoir recours à des "professionnels de santé extérieurs. Les infirmières scolaires ne suffiront pas", avertit-il.
Mettre en place la vaccination dans les collèges et lycées, "ce n’est pas forcément quelque chose de simple", a déclaré lundi 5 juillet sur franceinfo Hubert Salaün. "Il est certain que ça ne peut pas être fait directement par le personnel de l’Éducation nationale", estime le porte-parole de la PEEP, la fédération des parents d'élèves de l'enseignement public. Sans se positionner sur la question de la vaccination obligatoire dans les établissements scolaires, il dit néanmoins craindre une "fracture" sociale à l’école.
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franceinfo : Une réflexion est-elle en cours, au ministère de l’Éducation nationale, concernant une vaccination dans les collèges et les lycées dès la reprise des cours, au mois de septembre ?
Hubert Salaün : On n’a pas encore été consultés mais, forcément, c’est une question qui nous intéresse. Les enfants ont quand même vécu dix-huit mois très difficiles, et on n’a surtout pas envie que l’année prochaine ressemble encore à ça donc plus il y aura de jeunes vaccinés, plus il y aura d’enseignants vaccinés, et plus l’école pourra se dérouler normalement.
"C’est un appel qu’on lance : "Ne comptez pas sur la responsabilité des autres pour que l’école fonctionne."
Hubert Salaün, porte-parole de la PEEPà franceinfo
Si vous ne faîtes pas vacciner votre enfant, vous acceptez aussi le fait qu’il y aura encore une année perturbée et des cours à distance. À un moment, il faut que l’école se remette en place. Après, il y a une question de mise en place. Ce n’est pas forcément quelque chose de simple à faire dans les établissements parce que ce n’est pas leur métier, ce n’est pas la culture, donc est-ce qu’il faut le faire ? Est-ce qu’il faut dire 'On fera une grosse campagne de vaccination à la rentrée' qui fait que les familles et les jeunes vont se dire 'On laisse passer l’été tranquillement, on attend le mois de septembre' ? Je pense que ce travail de conviction, il doit aussi être fait pendant l’été. Si après, au mois de septembre, on n’a pas atteint les niveaux voulus, il faudra encore continuer à faire de la pédagogie.
Est-ce que les établissements scolaires ont les moyens et le personnel nécessaire pour vacciner les élèves ?
Il est certain que ça ne peut pas être fait directement par le personnel de l’Éducation nationale.
"Dans les centres de vaccination, il y a quand même une discussion avec le médecin, il y a un dossier, un secret professionnel, il y a le geste de la vaccination qui n’est quand même pas un geste anodin."
Hubert Salaünà franceinfo
Donc je pense que si on le fait, ça ne peut pas reposer sur l’école. Ça doit reposer sur des professionnels de santé extérieurs. Les infirmières scolaires ne suffiront pas. Elles ont d’autres missions : l’accueil des enfants en situation de handicap, des enfants en difficulté, les enfants qui ne viennent pas parce qu’ils ont une phobie scolaire... il y a beaucoup de choses à faire. Donc leur demander en plus de faire la vaccination, ça semble compliqué. Nous, la question qu’on se pose, c’est comment ça va se passer ? On sait qu’aujourd’hui, un cas positif entraîne la fermeture de la classe et le renvoi des élèves à la maison. S’il y a des enfants qui sont encore non-vaccinés, qui sont positifs, que ça fait fermer des classes d’élèves vaccinés, cela va devenir intolérable pour les familles. Que certains aient assumé, pris leurs responsabilités, se sont fait vacciner, ont vacciné leurs enfants et que d’autres puissent encore louvoyer un petit peu et compter sur la responsabilité des autres, socialement, ça sera de plus en plus difficile à accepter.
Vous craignez une forme de fracture à l’école ?
Elle risque forcément d’arriver. Si on ferme une classe parce qu’un enfant refuse de se faire vacciner et qui, finalement, est positif, ou s’il y a des absences d’enseignants qui refusent de se faire vacciner, forcément, ça va créer des situations de conflit. Les familles vont avoir du mal à comprendre que d’autres familles ou que d’autres professionnels ne fassent pas les gestes qui permettent de faire fonctionner l’école. Ce n’est quand même pas n’importe quel lieu l’école. Ces mêmes familles, est-ce qu’elles accepteraient, en mettant leurs enfants à la maternelle, que la moitié des enfants n’aient pas fait les vaccinations obligatoires ? Que des maladies, comme la polio, qui ont disparu ou se font rares, reviennent encore dans les écoles ? Les parents sont sensibles au fait que, à la maternelle, leurs enfants soient protégés. Au lycée, c’est la même chose. Et dans la vie, ça sera aussi le cas. Il y a une responsabilité individuelle et collective. On ne peut pas faire reposer sur les autres ses propres peurs.
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