Cet article date de plus de quatre ans.

Un an après l'incendie de Notre-Dame, le coronavirus "ajoute du drame au drame", estime Stéphane Bern

"Il faut mettre les priorités sur la santé et ensuite la restauration.", affirme le journaliste spécialiste du patrimoine alors que le chantier de la cathédrâle est à l'arrêt en raison du coronavirus.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le chantier de rénovation de la cathédrâle Notre Dame de Paris a été brutalement interrompu en raison de l'épidémie du coronavirus. (NOÉMIE BONNIN / FRANCE-INFO)

"Ce qui est important c'est de voir l'horizon et de se dire que l'on va y arriver", un an après l'incendie de la cathédrâle Notre Dame de Paris, Stéphane Bern veut croire que l'objectif d'une rénovation en cinq ans est toujours possible. Pour franceinfo, le journaliste, écrivain et spécialiste du patrimoine fait le point sur le chantier brutalement interrompu par l'épidémie de Covid-19. Un virus qui "ajoute du drame au drame", selon Stéphane Bern.

>> Coronavirus : les dernières informations sur la pandémie dans notre direct.

franceinfo : Le bourdon de Notre-Dame sonnera à 20h ce soir. C'est un symbole triste pour vous ou bien un moment d'émotion et d'espoir ?

Stéphane Bern : C'est un moment de grande émotion. Ce bourdon Emmanuel de Notre-Dame va sonner au tintement. C'est émouvant, ce n'est pas le tocsin, c'est un an après. C'est vrai que la France traverse une période particulièrement compliquée avec ce coronavirus qui ajoute du drame au drame, en quelque sorte. Ce qui me frappe c'est qu'on a besoin d'espoir, on a besoin d'avoir des horizons. J'ai beaucoup parlé avec ceux qui sont au chevet de Notre-Dame de Paris. C'est le chantier de leur vie. Ils ont véritablement envie de la restaurer comme elle était et pour eux c'est une aventure humaine. Je suis assez frappé de voir que certains voudraient opposer des pierres aux êtres, aux hommes et aux femmes qui travaillent. Mais pour ces artisans c'est leur raison de vivre et c'est leur seule façon d'avoir les moyens de vivre. Donc il faut que ces chantiers du patrimoine repartent. C'est vrai que le général Gerogelin a mis ces chantiers en sommeil. Il faut évidemment que les règles sanitaires soient respectées et peut-être que les grutiers, les cordistes, ceux qu'on appelle les écureuils, pourront remonter pour finir le démontage de l'échafaudage.

Reconstruire Notre-Dame en cinq ans, avec un mois d'arrêt, ça commence à ressembler à une mission impossible, surtout avec les exigences sanitaires et les salariés qui s'inquiètent de leur santé ?

Absolument, surtout que la plupart viennent de loin et sont logés à la périphérie de Paris, donc il y a les transports en commun qui sont arrêtés. Mais ce qu'a dit le général Georgelin est juste. Deux ou trois mois de retard sur des travaux ça peut se rattraper. La santé des hommes prime sur tout. Un homme ça ne se remplace pas, alors qu'une pierre ou un échafaudage, oui. Il faut mettre les priorités sur la santé et ensuite la restauration. Il faut commencer par sécuriser le site, voir ce qui a tenu pour entamer les travaux de restauration. Mais il y a encore plusieurs mois pour sécuriser le site. Les bonnes nouvelles c'est qu'il y a des capteurs à plusieurs endroits de la cathédrale et l'on voit que malgré les intempéries, la pluie et la sécheresse, la pierre n'a pas explosé. L'édifice n'a pas bougé, et ça n'a pas tellement vibré.

Le général Georgelin a dit sur franceinfo, de façon presque martiale, que les délais seraient tenus en retroussant les manches. Qu'est-ce que ça vous évoque ?

Le général Georgelin est un militaire mais c'est quelqu'un qui ne manque pas d'humour non plus. Il ne faut pas le voir comme un être martial. Il a besoin de donner un objectif. Ce qui est important c'est de voir l'horizon et de se dire que l'on va y arriver. Je ne sais pas si toute Notre-Dame sera refaite en 2024, si l'on aura refait seulement le toit, la charpente, la flèche, peu importe. Le tout c'est qu'on se dise tous que l'on veut revoir Notre-Dame. Parce que c'est un signe d'espérance. C'est à la fois un lieu de culte, un lieu de culture, un livre de l'histoire de France, malheureusement à ciel ouvert aujourd'hui. Il faut vraiment le sécuriser et le restaurer. Vous savez, je pense toujours à Churchill en période de guerre quand on lui disait qu'il fallait baisser les budgets de la culture pour faire la guerre, il disait "mais une fois qu'on aura gagné cette guerre?", et je pense à la guerre contre le virus, "il nous restera quoi ?". Il faut gagner cette guerre pour que la France qui est éternelle continue d'exister, de rêver et de vibrer. C'est un objectif que l'on doit se donner aux uns et aux autres et c'est important.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.