Traitements contre le Covid-19 par anticorps : "Ils peuvent diminuer le nombre de décès", selon le microbiologiste Patrick Berche
"On a de plus en plus d'outils pour lutter contre des infections graves", se félicite le microbiologiste.
Les traitements par anticorps contre le coronavirus peuvent "diminuer le nombre de décès", a indiqué jeudi 11 novembre sur franceinfo le microbiologiste Patrick Berche, membre de l'Académie de médecine, alors que l'Agence européenne des médicaments a approuvé pour la première fois la mise sur le marché en Europe de deux traitements par anticorps contre le coronavirus, un traitement du sud-coréen Celltrion, le regdanvimab, et celui du laboratoire pharmaceutique suisse Roche, le Ronapreve, déjà utilisé en France. Patrick Berche souligne par ailleurs que les pilules des laboratoires Merck et Pfizer "sont extraordinairement efficaces". "On va dans le bon sens, ajoute le microbiologiste. On a de plus en plus d'outils pour lutter contre des infections graves."
franceinfo : Ces traitements sont-ils révolutionnaires et peuvent-ils changer la donne ?
Patrick Berche : Je ne pense pas qu'ils peuvent changer la donne de l'épidémie elle-même. Mais je pense que cela peut diminuer le nombre de décès. Ce sont des médicaments qui sont déjà utilisés. Il y a environ 1 000 ou 2 000 patients en France qui l'ont reçu, uniquement des patients à haut risque, de forme grave. Il faut qu'il soit administré très précocement dans les premiers jours après l'infection et c'est malheureusement des traitements par voie veineuse qui obligent à une hospitalisation. Il peut y avoir des effets secondaires de type allergie. Mais d'une façon générale, ce sont des bithérapies et il faut vraiment bien les surveiller. Cela peut éviter pas mal de d'hospitalisations en réanimation et de décès.
Comment sélectionner les patients qui pourront bénéficier de ce traitement qui coûte très cher ?
Ce qui est prévu, c'est que ce soit les personnes de plus de 80 ans d'abord, qui par définition sont à très haut risque. Il faut un test PCR positif pour entrer dans cette thérapeutique. Et aussi les patients de 65 à 80 ans qui ont une comorbidité, par exemple un diabète ou une hypertension. Ils sont éligibles. Et il y a encore une autre catégorie de patients qui sont des immunodéprimés chroniques, ceux qui n'ont que très peu d'anticorps. Ceux-là bénéficient déjà de ce traitement.
Quelle est la différence avec les pilules des laboratoires Merck et Pfizer qui seront disponibles à la fin de l'année ?
Ce sont des antiviraux qui ne sont pas nouveaux. Ils sont issus de la médecine vétérinaire. Ils servaient à traiter des diarrhées à coronavirus et des encéphalomyélites chez les chevaux et chez les porcs. On a un certain recul. Ils sont efficaces à condition d'être donnés très précocement dans les trois premiers jours après l'infection. Pour le médicament molnupiravir de Merck, il évite aux sujets à risque à peu près à 90% d'avoir une forme grave. L'autre, celui de Pfizer, le Paxlovid, qui est une anti-protéase, qui doit être donné avec une autre anti-protéase historique, donné au cours du traitement contre le sida, le Ritonavir. Ces traitements sont extraordinairement efficaces parce qu'ils peuvent être donnés tous les deux par voie buccale, ce qui permet de le donner pas forcément à l'hôpital. Ils ont une très forte efficacité. Il y a un point d'interrogation sur la toxicité. Il faut absolument avoir plus d'information sur la toxicité. C'est fortement déconseillé ou contre-indiqué chez les femmes enceintes. Et ce n'est sûrement un substitut à la vaccination. C'est essentiellement pour les patients à risque et ce sont des traitements extrêmement chers, de 700 dollars par traitement. On va dans le bon sens. On a de plus en plus d'outils pour lutter contre des infections graves.
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