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"Tracking" contre le coronavirus : "Non au moindre grignotage de liberté", alerte Christiane Taubira

L'ancienne ministre appelle les acteurs indépendants chargés de surveiller les conditions du traçage numérique envisagé pour surveiller les chaînes de transmission du coronavirus, à "rendre public" les éventuels dysfonctionnements, "quel que soit le tonnerre que cela puisse soulever".

Article rédigé par franceinfo
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Christiane Taubira, le 26 avril 2018 à Bruxelles. (STEPHANIE LECOCQ / EPA)

"Non au moindre grignotage de liberté", a réagi lundi 13 avril sur France Inter Christiane Taubira, interrogée sur la possibilité de développer le "tracking", le traçage via une application pour smartphone, dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de coronavirus Covid-19.

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"Oui pour la finalité, il faut que la réactivité soit la plus rapide, et la plus forte, et la plus efficace possible, mais non au moindre grignotage de liberté", alerte l'ancienne ministre.

Les démocraties ne savent pas rétablir les libertés qu'elles grignotent.

Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux

à France Inter

Si elle avait été consultée par l'actuel gouvernement, l'ancienne ministre de la Justice a assuré qu'elle aurait prôné la prudence. "Il faut toujours être extrêmement prudent. J'ai entendu toutes les explications techniques et presque philosophiques sur cela. Moi, j'ai des inquiétudes sur tout traçage, quel qu'il soit", a commenté Christiane Taubira, pour qui "en Europe, ces inquiétudes sont peut-être encore plus fortes qu'ailleurs, compte tenu de l'histoire récente de l'Europe sur la façon de stocker des informations, d'identifier des individus et de prendre le risque qu'un mauvais usage" en soit fait.

La sujétion est vis-à-vis des citoyens, pas du pouvoir

L'ancienne ministre a plaidé pour "un maximum de garanties". "Sur la finalité, cela se conçoit qu'on puisse craindre un effet boomerang [de l'épidémie] à partir du moment où nous allons tous reprendre nos activités habituelles", a expliqué Christiane Taubira. "La France a des structures qui peuvent apporter des garanties. Après, il faut que les gens eux-mêmes soient suffisamment indépendants, autonomes et courageux, qu'ils se rendent compte que leur sujétion est vis-à-vis des citoyennes et des citoyens, et non vis-à-vis du pouvoir", a-t-elle souligné.

Il faudra, pour encadrer un éventuel développement de cette technologique, "que le Conseil d'État fasse son travail, que toutes les administrations indépendantes fassent leur travail, que ce soit la Cnil [Commission nationale de l'informatique et des libertés], que ce soit le Défenseur des droits", a-t-elle insisté. "Que chacune, chacun fasse son travail, mais le fasse avec plus de vigilance encore dans ces circonstances-là, n'hésite pas à interpeller, à rendre public, quel que soit le tonnerre que cela puisse soulever."

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