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Témoignages Covid-19 : trois ans après, des scientifiques français déplorent le manque de moyens pour la recherche

Après avoir bénéficié d'une augmentation des moyens lors de la crise sanitaire, ces chercheurs déplorent un retour en arrière. Ils craignent même un déclassement de la France au niveau international.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des biologistes de l'OSE, un laboratoire pharmaceutique de recherche sur l'immunothérapie, travaillent sur un vaccin contre le Covid-19, à Nantes, en mars 2021. (LOIC VENANCE / AFP)

C'était il y a trois ans jour pour jour. Le 30 janvier 2020, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) déclarait l'état d'urgence de santé publique, au niveau international. La pandémie de Covid-19 n'en était qu'à ses débuts. De nombreux moyens avaient alors été débloqués pour accélérer la recherche et mettre au point traitements et vaccins. Mais, trois ans après, certains chercheurs en France déplorent un retour en arrière et un manque d'investissements. Des moyens insuffisants, une stratégie peu lisible et des carrières pas assez attractives... Voilà le constat accablant dressé il y a quelques jours par le président de l'Académie des Sciences, Alain Fischer. 

>> "La recherche médicale en France est en déclin relatif", déplore le président de l'Académie des sciences

Mircea Sofonea, épidémiologiste à l'université de Montpellier, n'est pas plus optimiste au micro de franceinfo : " Malheureusement, nous travaillons avec des moyens qui sont identiques à ceux que nous avions au début de la pandémie. Notre équipe n'a pas du tout augmenté en taille. J'ai l'impression que les leçons n'ont pas été complètement tirées."

Et certains projets de recherche ne peuvent pas être menés à bien malgré leur intérêt, déplore Mircea Sofonea : "Je vous donne un exemple très concret : en octobre 2021, je dépose un projet qui porte sur la triple épidémie à venir, le Sars-CoV2, le virus de la grippe et le VRS qui cause une partie des bronchiolites. Eh bien, ce projet a été refusé en première étape. Il y a un véritable besoin d'investir massivement."

Des investissements massifs en Chine et en Allemagne

En termes d'investissement en recherche biomédicale, la France est à la traîne. Pour Bruno Canard, directeur de recherche à l'université Aix-Marseille, le risque de déclassement de la recherche française est bien réel : "Depuis le début des années 2000, la Chine en particulier, l'Allemagne aussi, et les Etats-Unis, qui ont une plus grande tradition, ont compris que l'intérêt stratégique de la recherche a été prédominant. Il y a eu des investissements massifs et une politique de recherche très adaptée". 

Mais pour certains, le Covid-19 a malgré tout fait évoluer la politique publique de recherche, à l'image de Yazdan Yazdanpanah, le directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), dont les compétences ont été élargies pendant la pandémie. "Les maladies infectieuses émergentes ne faisaient pas partie du périmètre. C'est depuis début 2021, donc pendant la crise Covid, que le périmètre a été élargi", rappelle Yazdan Yazdanpanah.

"Bien sûr, on ne va pas non plus avoir les moyens qu'ont les Américains, mais on va avoir des moyens pour répondre aux crises suivantes et je suis quasiment sûr qu'on sera mieux préparé que pour le Covid."

Yazdan Yazdanpanah, directeur de l'ANRS

à franceinfo

Au-delà de l'augmentation des moyens des laboratoires, le président de l'Académie des sciences préconise de simplifier l’organisation des agences et des opérateurs de la recherche.

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