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Télétravail : "Il faut bien avoir conscience qu'il n'y a pas une forme universelle de télétravail", affirme un spécialiste

En pleine épidémie de coronavirus, de nombreux salariés font du télétravail. Tarik Chakor, maître de conférences en sciences de gestion à l'Université Savoie Mont Blanc, met en garde contre les dangers du blurring, ce flou entre la sphère privée et la sphère professionnelle.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un salarié travaillant de son domicile. Photo d'illustration. (PIERRICK DELOBELLE / MAXPPP)

"Il faut bien avoir conscience qu'il n'y a pas une forme universelle de télétravail", rappelle vendredi 27 mars sur franceinfo Tarik Chakor, maître de conférences en sciences de gestion à l'Université Savoie Mont Blanc. Membre de la chaire Management et santé au travail à l'Université Grenoble Alpes, il met notamment en garde contre les dangers du blurring, ce flou entre la sphère privée et la sphère professionnelle, pouvant apparaître lorsque ces deux espaces ne sont pas bien séparés.

franceinfo : Est-ce que les Français sont prêts à passer au télétravail ?

Tarik Chakor : Il y a une évolution des mentalités, une évolution des usages, une habitude de faire une certaine forme de télétravail. Certains ont déjà travaillé le soir après le travail pour terminer un dossier. Parfois certains salariés ont été une journée ou une demi-journée en télétravail. Il y a des habitudes et des mentalités qui évoluent, mais ce n'est pas forcément applicable à tous les métiers. Tous les métiers ne sont pas télétravaillables. C'est une vraie organisation. Que les Français soient prêts, je n'en doute absolument pas. Mais j'attends quand même de voir au bout de quelques jours et de quelques semaines de télétravail, notamment avec tous les risques de blurring.

Qu'est-ce que le blurring ?

C'est ce qu'on appelle le phénomène de flou entre la sphère professionnelle et la sphère privée. La gestion de cette frontière et de cet équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Je pense que c'est quelque chose que l'on doit analyser au long cours pour voir si on arrive réellement à bien gérer ce télétravail. C'est souvent ce qu'on appelle des zones grises, un entre-deux qui peut être difficile à gérer. C'est pour ça qu'on recommande souvent d'avoir un cadre bien précis. Des plages horaires de travail et des plages horaires pour le côté privé, pour la famille. Un espace physique pour effectuer ce télétravail, si possible. Évidemment, tout le monde n'a pas d'appartement ou de maison assez grande. Surtout, on va pouvoir faire comprendre à son entourage que nous sommes en train de travailler. Parce le fait d'être physiquement présent peut faire penser qu'on est disponible et c'est difficile à faire comprendre, notamment aux enfants. Parfois, le fait d'adopter des signaux, le fait de fermer une porte, ça peut être un moyen de matérialiser, de spatialiser ce télétravail chez soi.

Le fait de vivre seul ou à plusieurs change tout ?

Tout à fait. Le fait de pouvoir s'isoler, le fait de pouvoir avoir un espace dédié, le fait d'avoir des enfants en bas âge ou non, le fait d'avoir l'habitude et d'avoir déjà testé le télétravail, ce sont toutes ces choses qui auront forcément un impact sur le vécu du télétravail. C'est pour ça que le télétravail, ça s'apprend. On peut l'anticiper, mais on doit le développer par des essais et des erreurs. C'est une tendance de fond. On voit qu'on le développe de plus en plus car il y a de plus en plus de demandes, mais il faut bien avoir conscience qu'il n'y a pas une forme universelle de télétravail. C'est quelque chose qui doit se prendre en fonction de son contexte, de son travail et de la manière dont on aime travailler et dont on souhaite travailler.

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