Cet article date de plus de trois ans.

Rendre le dépistage du Sida gratuit, une "bonne réponse" à l'épidémie présentée devant les députés lundi

Depuis deux ans, "Au labo sans ordo", un dispositif permettant de se tester gratuitement, est expérimenté à Paris et dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. L'idée du projet de loi est de le généraliser. Une "bonne nouvelle" pour le président de la Société française de lutte contre le sida.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un dépistage du virus du SIDA. (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

En 2019, six millions de tests VIH ont été réalisés en laboratoire. Avec l'épidémie de Covid, le dépistage a chuté de 15% l'an dernier. Rendre le test de dépistage du VIH gratuit, en laboratoire, c'est ce que prévoit l'une des mesures du projet de loi de Financement de la sécurité sociale qui arrive en commission à l'Assemblée nationale lundi 11 octobre. Aujourd'hui, un test sans ordonnance coûte entre 17 et 25 euros, selon les laboratoires. Et si la prise de sang reste le test de référence pour le dépistage du Sida, il existe aussi des autotests, des TROD, qui peuvent être achetés en pharmacie mais sont payants. Chaque année entre 5 000 et 6 000 personnes découvrent leur séropositivité en France.

Ce dispositif "Au labo sans ordo", était testé jusqu’à présent à Paris et dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. "Cette offre est une bonne réponse", a réagi sur franceinfo Pascal Pugliese, président de la Société française de lutte contre le sida et président du comité régional de coordination de lutte contre le VIH de la zone PACA-Est.

franceinfo : La généralisation du dispositif "Au labo sans ordo" est une bonne nouvelle ?

Pascal Pugliese : Oui, c'est une bonne nouvelle. Nous avons une baisse très importante du nombre de sérologies faites en France depuis le début de la pandémie. L'Impact du Covid-19 est très fort sur la lutte contre le VIH et pour tenir nos objectifs de mettre fin à l'épidémie d'ici 2030, il nous faut multiplier les offres et cette offre-là est une bonne réponse.

Comment expliquer que le dépistage du VIH ait autant reculé depuis la pandémie du Covid-19 ?

La période de confinement, le fait que notre santé était peut-être un peu moins la priorité. En tout cas, on a fait un gros focus sur le Covid-19. Il y a aussi probablement des personnes qui se sont moins exposées au virus. On a eu aussi peut-être moins de personnels étrangers qui sont arrivés en France, mais probablement aussi une diminution de la prévention, avec un risque effectivement d’avoir un retard au diagnostic par rapport à une nouvelle infection et une reprise de l'épidémie.

Le dispositif au "Au labo sans ordo" a été testé dans deux régions. A-t-il permis de relancer le dépistage du VIH ?

Sur la période d'expérimentation et malgré la période de confinement et du Covid-19, "Au labo sans ordo" représente 7% de l'ensemble du volume du nombre de sérologies réalisées. Quand on compare par rapport à 2018, cela augmente globalement le volume du dépistage. C’était le premier objectif. Le deuxième objectif était d'attirer des personnes qui, éventuellement, étaient exposées au risque du VIH. Effectivement, on se rend compte aussi qu'on a un taux de séropositivité avec cette offre de dépistage sans ordonnance qui est plus élevé que par les tests prescrits. On a l'impression qu'on attire des personnes particulièrement exposées. Ce sont plutôt des personnes hétérosexuelles, des hommes ou des femmes qui sont nés en France et pour lesquels, effectivement, le taux de séropositivité n'est pas forcément élevé. Par contre, le retard au diagnostic est très élevé en France puisqu'il peut atteindre 4 ans. Et dans ce délai, bien évidemment, la personne altère son immunité et peut transmettre aussi le virus.

Très concrètement, à partir du 1er janvier prochain, si la loi est validée, cela fonctionnera comment ?

Tout le monde connaît cela maintenant avec le Covid-19. Effectivement, c'est la démédicalisation du dépistage. Vous rentrez dans un laboratoire partout en France, vous pouvez déjà le faire maintenant dans les Alpes-Maritimes et à Paris, vous rentrez dans un laboratoire avec votre carte vitale, vous demandez un test VIH et vous avez les résultats dans les 24 heures. C’est des personnes qui s'exposent, ont des relations sexuelles non systématiquement protégées par un préservatif. Cela concerne particulièrement les populations les plus exposées. Bien sûr, les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes, mais aussi les personnes qui sont nées à l'étranger. Et puis, toute personne qui a de multiples partenaires et qui ne se protège pas systématiquement avec un préservatif.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.