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Proposition de "minimum jeunesse" pour les 18-25 ans : "Il faut une réponse forte pour les jeunes", appelle le collectif Etudiants Fantômes

Augustin Carlioz, étudiant en science politique et membre du collectif Etudiants Fantômes estime que les réponses apportées par le gouvernement de Jean Castex aux étudiants, durement précarisés depuis la crise du Covid-19 sont "affligeantes".

Article rédigé par franceinfo
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Des enseignants et étudiants défilent à Mulhouse mardi 26 janvier pour dénoncer leurs conditions de travail pour les premiers et leur souffrance causée par la situation sanitaire et la fermeture des universités, pour les seconds. (DAREK SZUSTER / MAXPPP)

"Il faut une réponse forte pour les jeunes", plaide jeudi 18 février sur franceinfo Augustin Carlioz, étudiant en science politique et membre du collectif Etudiants Fantômes, qui vient de publier une lettre ouverte dans le Huffington Post sur la détresse financière et psychologique des étudiants. Il dénonce une forme de "mépris" et "d'infantilisation" de la part du gouvernement dans sa gestion des conséquences sur cette population de la crise sanitaire du Covid-19.

franceinfo : Êtes-vous favorables à ce "minimum jeunesse" proposé par les députés PS et débattu jeudi à l'Assemblée nationale, qui a pour principe un revenu de base à partir de 18 ans et une "dotation universelle" en capital de 5 000 euros ?

Augustin Carlioz : On pense que c'est un minimum à faire. La situation est aggravée par rapport à avant. Le monde étudiant et le monde de la jeunesse en général étaient déjà assez précaires. Aujourd'hui, face à la crise, notamment la crise financière, il faut une réponse forte pour les jeunes. Beaucoup de personnes dépendaient de travail à droite à gauche, aujourd'hui ils n'ont plus ça. Il faut répondre à cette détresse. On a eu des témoignages de personnes obligées de quitter leur logement, leur master. Hier dans l'émission Quotidien, on a vu plus de 500 étudiants qui allaient dans des épiceries solidaires pour se nourrir, des étudiants qui volaient même dans les magasins parce qu'ils ne pouvaient pas se nourrir. On a des témoignages d'une tristesse absolue, qui font état d'une immense précarité grandissante, et qui me fait vraiment peur pour ces jeunes.

Le gouvernement refuse d'étendre le RSA aux moins de 25 ans et se place sur le créneau d'aider les jeunes à trouver un emploi ou une formation. L'exécutif ne souhaite pas d'allocation sans engagement d'insertion, entendez-vous cet argument ?

Je les entends mais je ne suis pas d'accord avec. Aujourd'hui, en période de crise sanitaire, la majorité des restaurants et bars sont fermés. Ce sont des emplois généralement dédiés à des étudiants, qui aujourd'hui ne sont pas disponibles. Par ailleurs, il existe depuis 1956 un minimum vieillesse pour garantir une fin de vie décente. Depuis 65 ans, toujours rien pour les jeunes, on est même face à une diminution des allocations attribuées aux jeunes depuis quinze ans, alors que celles attribuées aux seniors ont augmenté de 22%. Il me semble important que l'exécutif montre une réelle compassion au niveau des jeunes et les aide à s'insérer et à vivre décemment. Elle n'est pas là, et c'est même souvent une forme de mépris et d'infantilisation qui est bien présente. C'est dommage et répréhensible, car selon un récent sondage, 68% des Français seraient favorables à l'extension d'un RSA aux moins de 25 ans. Il faut que le monde politique s'accorde avec la société. La balle est dans le camp du gouvernement et de la majorité.

Avez-vous reçu des retours de la part du gouvernement depuis la publication de votre lettre ouverte ?

Avant la tribune, on a rencontré beaucoup de sénateurs et de députés de tous bords politiques. On nous a écoutés mais l'exécutif ne nous a certainement pas entendus. Notre lettre ouverte a notamment été transmise à Monsieur Castex et à Madame Vidal. Les réponses qu'on a reçues étaient juste affligeantes. C'était des réponses toutes faites, qui n'écoutaient pas nos revendications, qui étaient dans la légitimation constante - nous avons fait ça, nous avons fait ci. Ce que nous ne remettons pas en cause, les actions ont été faites, mais ne nous paraissent pas suffisantes par rapport à ce qui se passe actuellement.

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