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Prêts bancaires aux entreprises en raison du coronavirus : Philippe Brassac (PDG du Crédit Agricole) veut "éviter les effets d'aubaine"

Le gouvernement a lancé un vaste programme de prêts bancaires aux entreprises que l’État s’engage à garantir pour 300 milliards d’euros. Selon le PDG, ce dispositif ne doit pas être "de l'optimisation financière pour les emprunteurs".

Article rédigé par franceinfo
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Philippe Brassac, le directeur général du Crédit Agricole, invité de l'interview éco le 25 mars 2020. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Philippe Brassac, directeur général du Crédit Agricole, invité mercredi 25 mars de l’Interview éco sur franceinfo fait "l'hypothèse que la garantie d'État mise en place" pour sauver les entreprises touchées de plein fouet par la crise du coronavirus "est tellement volumineuse qu'elle devrait suffire à l'opération". Le gouvernement a lancé mercredi 25 mars un vaste programme de prêts bancaires aux entreprises que l’État s’engage à garantir pour 300 milliards d’euros. Philippe Brassac voudrait "éviter les effets d'aubaine qui peuvent se présenter". Selon lui, ce dispositif ne doit pas être "de l'optimisation financière pour les emprunteurs". Philippe Brassac fait "appel à l'esprit de responsabilité" des entreprises.

Franceinfo : Est-ce que vous avez déjà eu des demandes ?

Philippe Brassac : Oui nous avons déjà démarré dès ce matin. Je salue au passage la célérité des services de l'État pour débloquer ce mécanisme-là qui peut engager l'État jusqu'à 300 milliards d'euros de garanties. L’idée de base est très simple. Nous ne partons pas d'une situation de crise qui part de l'économie. Nous avons une crise sanitaire qui impose d’une certaine façon des chutes brutales, même si elles sont temporaires, mais parfois très brutales de chiffre d'affaires. Et donc la mission des banques, c'est que tous les professionnels, toutes les PME et toutes les entreprises qui étaient en bonne santé avant la crise sanitaire soient toujours là après la crise.

Combien peuvent-elles emprunter ?

Elles peuvent emprunter jusqu'à trois mois de chiffre d'affaires. Cet emprunt est un emprunt normalement à court terme à un an, c'est-à-dire que ces trois mois empruntés doivent être remboursés au bout d'un an. Et si ce n'est pas le cas, si ce n'est pas possible, l'emprunteur pourra reporter un amortissable sur les quatre années qui suivent. Donc, ça peut être un report sur les cinq années qui suivent. Est-ce qu’il y a des conditions pour avoir accès à ce dispositif ? Il y a deux types de conditions qui sont très peu exclusives. L'idée de base, c’est que nous transportions sous forme de pont, certains parlent de pont aérien, toutes les entreprises, entre guillemets, qui étaient saines sur le plan économique avant la crise sanitaire, et qu’on les embarque toutes pour l'après-crise. Donc personne ne doit manquer à l'appel dans ce type de situation.

Toutes les entreprises peuvent faire appel à ce crédit. Mais je voudrais faire appel à l'esprit de responsabilité. L'État engage 300 milliards de garanties.

Philippe Brassac, directeur général du Crédit Agricole

à franceinfo

Évidemment, tout ceci est mis en place. Il faudra évidemment éviter les effets d'aubaine qui peuvent se présenter à tel ou tel endroit. L’idée, c'est bien de se mobiliser pour permettre à tous celles et ceux qui en ont besoin de passer ce cap qui est très difficile.

Vous pensez que certaines entreprises peuvent profiter de la situation ?

Je dis simplement que l'on n'a pas le temps de faire des tris très sophistiqués dans les situations que nous avons à affronter aujourd'hui. Nous nous mobilisons pour tous celles et ceux qui voient leur chiffre d'affaires brutalement disparaître sur le mois ou les deux ou trois mois. Il n'y a pas de contingentement. Une entreprise qui ne viendrait pas à notre guichet dans la semaine pourra être servie dans la semaine qui suit ou dans le mois qui suit. Mais à l'inverse, évidemment, l'idée principale n'est pas que ce soit de l'optimisation financière pour les emprunteurs.  La garantie de 300 milliards d'euros est un chiffre très impressionnant.

Mais est-ce que vous pensez que ça va suffire à répondre à toutes les demandes ?

C’est un énorme chiffre. Je voudrais qu’on ait les ordres de grandeur en tête. Tout ne va pas passer par là. Les banques, de façon générale, et le Crédit Agricole s'est engagé dès la semaine dernière, dès les premiers jours pour dire que nous allons favoriser les reports d'échéance de tous ces entrepreneurs sur les six mois qui viennent pour reporter en fin de tableau. C'est un travail que nous faisons en plus. Nous mobilisons nos ressources financières et nos équipes pour déjà dégager toutes ces situations-là.

Je fais l'hypothèse que oui, la garantie d'État qui est mise en place est tellement volumineuse qu'elle devrait suffire à l'opération que nous comptons mener.

Philippe Brassac, directeur général du Crédit Agricole

à franceinfo

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