Plan pour l'aéronautique : des entreprises “au savoir-faire extraordinaire pourraient disparaître” selon la CCI du Loir-et-Cher, qui réclame une aide immédiate
Le plan d'aide du gouvernement pour le secteur de l'aéronautique fait montre "d'ambition" mais les mesures proposées ne sont pas assez rapides, déplore le président de la chambre de commerce et d'industrie du Loir-et-Cher, Yvan Saumet, invité mardi 9 juin sur franceinfo.
Yvan Saumet, président de la chambre de commerce et d'industrie (CCI) du Loir-et-Cher, s'est réjoui du plan de 15 milliards d'euros annoncé mardi 9 juin par le gouvernement pour soutenir le secteur aéronautique durement touché par la crise du coronavirus. Mais s'il reconnaît "l'ambition" du projet, il regrette l'absence de mesures rapides. Pour les entreprises du secteur implantées dans son département, "ça n'attendra pas", prévient-il. Certaines, qui ont "un savoir-faire extraordinaire, pourraient disparaître parce que tout d'un coup, elles n'ont plus les mêmes volumes de commande qu'avant".
franceinfo : Voyez-vous arriver ce plan avec un certain soulagement ?
Oui, mais il faut bien voir qu'un certain nombre de sommes ne sont pas fléchées vers les entreprises, notamment de la région Centre-Val de Loire, qui sont effectivement très durement touchées par ce qui se passe. C'est un trou d'air.
Vous auriez aimé plus de précisions sur la destination de cet argent ?
En tout cas, ce qu'on peut reconnaître c'est l'ambition du projet, de l'inscrire dans une durée : les efforts qui sont faits en matière de recherche, les efforts pour l'exportation, les prêts qui sont accordés à Air France pour qu'ils puissent continuer à soutenir l'activité. Mais concrètement, ce qui se passe dans une entreprise, c'est immédiat. C'est dans les semaines et les mois qui viennent.
Il faut, comme le plan le prévoit, maintenir le chômage partiel, puisque l'absence d'activité fait qu'un certain nombre de collaborateurs ne sont pas présents dans les entreprises.
Yvan Saumetprésident de la CCI du Loir-et-Cher
Il faut être sûr qu'ils puissent être rémunérés pour cela. Le montant n'est pas précisé, mais par différence, on pourrait calculer qu'à peu près 200 millions pourraient être affectés pour cela. Cela concerne actuellement 20% à 30% des collaborateurs dans certaines entreprises. Et puis, ce que l'on peut repérer dans ce plan, c'est la numérisation et l'effort de robotisation qui est nécessaire dans les PME mais cela représente une part assez modeste, 300 millions d'euros.
Il faut agir vite parce que beaucoup d'emplois sont menacés ?
Dans notre département, c'est à peu près 3 000 emplois qui peuvent être concernés sur les 4 000 à 5 000. Ce qui nous inquiète, c'est qu'il y a des pépites parmi les entreprises, des entreprises d'une centaine de salariés qui ont un savoir-faire absolument extraordinaire et qui pourraient disparaître parce que tout d'un coup, elles n'ont plus les mêmes volumes de commandes qu'avant. Ce sont évidemment des entreprises qui sont très dépendantes du secteur, des entreprises qui se sont reconverties de l'automobile, notamment dans le bassin de Romorantin, qui avait été très affecté par la disparition de Matra il y a quelques années. Ce sont des entreprises qui se sont reconverties vers l'aéronautique et qui se trouvent complètement désemparées alors qu'elles pensaient avoir trouvé une solution qui leur donne un peu de visibilité.
Vous demandez des fonds sans tarder ?
Oui, pour toutes ces entreprises, ça n'attendra pas. Les efforts qu'on va faire sur la recherche, par exemple, ne pourront pas aller malheureusement immédiatement leur bénéficier. Donc, il faut être très attentif et il faut sans doute accompagner cet effort important de l'Etat avec des plans régionaux, pour être très réactif sur telle ou telle entreprise dont les savoir-faire pourraient disparaître.
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