Plan de relance de l'automobile : "C'est le bras de fer qui démarre" menace la CGT qui craint "des plans de licenciements"
"Pour les salariés, aujourd'hui, il n'y a strictement rien du tout", a déploré sur franceinfo Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT du groupe PSA Peugeot-Citroën.
Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT du groupe PSA Peugeot-Citroën a affirmé mardi 26 mai sur franceinfo que c’était "le bras de fer" qui commençait après les annonces d’Emmanuel Macron pour relancer la filière de l’automobile touchée par la crise sanitaire. Un plan de 8 milliards qui prévoit notamment des incitations financières pour l’achat de véhicules propres. Jean-Pierre Mercier dénonce l’absence de mesures pour l’emploi et craint que "des plans de licenciements se profilent à l'horizon", ainsi que "des fermetures d'usines".
franceinfo : Ce plan de relance correspond à vos attentes ?
Jean-Pierre Mercier : Ça ne répond pas du tout à l'urgence, aux attaques sur l'emploi que le patronat de l'automobile s'apprête à exercer sur l'ensemble des salariés de la filière auto. Il y a évidemment le cas de Renault. On sait qu'il y a quatre usines qui sont menacées de fermeture. Ces dernières heures, on a appris qu'il y avait aussi une menace qui planait sur le site de Maubeuge. Mais il y a aussi le groupe PSA. Je peux vous garantir que monsieur Carlos Tavares ne va pas en rester là. Il va profiter de l'aubaine qui est la période de la crise sanitaire pour tailler encore dans les effectifs. Il y a eu beaucoup d'argent qui a été mis sur la table. Ces 8 milliards vont aller directement dans la poche du patronat de l'automobile. Mais sur l'emploi, pour les salariés, ce sont des plans de licenciements qui se profilent à l'horizon et des fermetures d'usines.
La promesse d'Emmanuel Macron de relocaliser en France l'industrie automobile, ce n'est pas de nature à vous rassurer ?
Ça fait des mois que c'était prévu. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. La nouveauté, c'est qu'il y a des milliards qui tombent dans la poche à la fois de PSA et de Renault. Mais concernant l'emploi, rien n'a été dit. J'ai entendu Bruno Le Maire qui a affirmé qu'il n'allait pas s'opposer à la fermeture de sites chez Renault (ndlr : le ministre de l'Economie a indiqué mardi soir que "les fermetures de site, ça ne peut être que la toute dernière extrémité") C'est scandaleux d'entendre ça.
Comment peut-on avoir un gouvernement qui donne milliard sur milliard aux patrons, et derrière, ces patrons vont licencier et fermer des usines ?
Jean-Pierre Mercierà franceinfo
Non, là, on marche sur la tête. Il va falloir que les travailleurs, les salariés de la filière auto se rassemblent, prennent conscience qu'ils ont des intérêts et qu'il va falloir qu'ils défendent leur peau. Comme c'est le cas aujourd'hui aux Fonderies de Bretagne, qui sont en grève depuis lundi. C'est le bras de fer qui démarre.
Qu’attendiez-vous d’Emmanuel Macron ?
Franchement, sincèrement, je n’attendais absolument rien du tout d'Emmanuel Macron. On le connaît depuis longtemps. On s'attendait de toute façon à une annonce de milliards, de cadeaux au patronat de l'automobile. On les a eus ces cadeaux. Pour les salariés, aujourd'hui, il n'y a strictement rien du tout. Je peux vous dire que dans les usines Renault, ça discute. Il y a du mécontentement et de la colère. Il n'y a rien qui a été dit sur les salariés de Flins (Yvelines) et rien sur les trois autres usines qui sont menacées de fermeture. Le discours ne correspondait pas du tout aux intérêts du monde du travail, mais ça, on n'est pas du tout étonné.
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