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Pass sanitaire dans les centres commerciaux : "Le moment de vérité, ce sera à la rentrée", redoutent les professionnels du secteur

Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC), estime à 30 000 euros le coût mensuel que représente le contrôle des pass sanitaires pour les centres commerciaux.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des clients dans le centre commercial Velizy 2 en région parisienne, le 12 décembre 2020. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

La présentation d’un pass sanitaire est désormais obligatoire à l’entrée des grands centres commerciaux. Après une journée de mise en œuvre de la mesure, "c’est assez confus" pour les clients et "la consommation n’aime pas l’incertitude", déplore Gontran Thüring. Sur franceinfo lundi 16 août, le délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC) estime que "le moment de vérité, ce sera début septembre", au moment de la rentrée. D’ici là, il estime à 30 000 euros le coût mensuel que représente le contrôle de ces pass pour les centres commerciaux. Et explique qu’il est "parfois délicat" de gérer la frustration des clients à qui l'on refuse l’accès.

>> Voici la liste des 144 centres commerciaux où le pass sanitaire est désormais obligatoire

franceinfo : Comment s'est passée cette première journée d'instauration du pass sanitaire dans les centres commerciaux ?

Gontran Thüring : Il y a surtout une grande confusion pour nos concitoyens. Je pense que c'est assez difficile pour les Français de se repérer entre les centres de moins de 20 000m², ceux de plus de 20 000 m², les départements qui ont eu un taux d'incidence supérieur à 200, là où il est inférieur à 200, l'accès aux produits de première nécessité, etc, bref, c'est assez confus. Et vous savez, la consommation n'aime pas l'incertitude et la confusion. Donc, malheureusement, on peut s'attendre quand même à des problèmes d'accès dans les centres commerciaux. On est encore au mois d'août, donc la période est relativement calme. Le moment de vérité, ce sera vraiment début septembre, à la rentrée, qui est un moment fort de fréquentation des centres commerciaux. Les plus grands centres commerciaux accueillent jusqu'à 50 000 personnes par jour. Est-ce que vous imaginez ce que représentent 50 000 personnes qu'il faut contrôler à l'entrée de ces centres ? Le décret a annoncé une mesure qui va se maintenir jusqu'à mi-novembre. C'est une période très longue, et qui correspond à la période de rentrée dans les centres commerciaux, une période d'attractivité importante pour les commerçants. Donc effectivement, ça ne tombe pas au meilleur moment.

Ces contrôles occasionnent-ils des frais supplémentaires pour les centres commerciaux ?

Oui, bien entendu. Il y a un double impact économique. L'impact immédiat, c'est effectivement la mise en place de ce contrôle. Nous avons calculé qu'en moyenne, sachant que l'amplitude horaire des centres commerciaux est très large, elle va de 13 à 17 heures par jour, donc il faut plusieurs équipes pour assurer ce contrôle. Donc le coût mensuel est de l'ordre de 30 000 euros. Les plus grands centres possèdent entre 10 et 15 entrées, donc vous imaginez ce que ça peut représenter comme coût supplémentaire. Et puis, il y a le deuxième impact, qui est, à terme, la baisse de fréquentation et donc la baisse de chiffre d'affaires pour les commerçants des centres commerciaux. Un rendez-vous est prévu fin août avec Bercy, avec Bruno Le Maire [ministre de l'Economie] et Alain Griset [ministre chargé des PME]. On fera un premier état des lieux. Mais je crois que c'est vraiment début septembre qu'on aura le moment de vérité. Et au vu de ce qui s'est passé pour les bars et les restaurants, nous ne sommes pas très optimistes.

Comment gérer les réactions de frustration chez certains clients qui se font refuser l'accès ?

C'est parfois délicat. Ça peut mener à des incivilités voire des violences. C'est le problème du recrutement des agents de sécurité. On ne peut pas recruter n'importe qui. Il faut des personnes qualifiées, expertes, qui sont capables de gérer des situations délicates. Et c'est tout le problème aujourd'hui, c'est qu'il y a une demande qui explose. Je discutais ce matin avec le patron d'une société de sécurité qui me disait : les hôpitaux sont déjà passés chez nous pour recruter des agents de sécurité. On est au mois d'août. La plupart sont en vacances. On essaye de les faire revenir, mais ce n'est pas facile. Très rapidement, malheureusement, la demande va être supérieure à l'offre.

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