Cet article date de plus de quatre ans.

Déconfinement : les couturiers de la Goutte-d'Or s'organisent pour fabriquer des masques

Les machines à coudre tournent à plein régime à la Goutte d'Or, à Paris. Une coopérative d'artisans couturiers, nombreux dans le quartier, s'est mise à la disposition des autorités. Elle doit assembler 500 000 masques pour la mairie de Paris.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La coopérative centralise les commandes et les kits pour confectionner les masques dans ce local de la rue des Gardes à la Goutte d'Or (Paris 18e). Au premier plan, deux couturiers parmi la centaine qui contribue actuellement. A droite Sidibé Boubakary, à gauche, Abdul Salam Diallo. Au fond, le coupeur Jérôme Ostan.  (ANNE FAUQUEMBERGUE / RADIO FRANCE)

Des masques made in la Goutte-d’Or ! Ce quartier populaire du 18e arrondissement de Paris, où vivent de nombreux Français d'origine africaine, compterait près de 200 couturiers, souvent dans l'économie informelle. Avec la crise du Covid-19, une centaine d'entre eux ont rejoint une coopérative d'artisans qui s'est mise à la disposition des autorités. Après avoir fourni l’un des prestataires de l’armée, ils sont en train d’assembler 500 000 masques sur les 2,2 millions prévus par la mairie de Paris.

Il y a du travail !

Jérome Ostan, coupeur.

Les premiers cartons de matériel arrivent à la Fabrique de la Goutte-d’Or. C'est là que se trouve l’unique table de coupe manuelle, un outil partagé sur lequel règne Jérôme Ostan. "Ce genre de coupe n'est pas très compliquée, estime-t-il. Les masques, ce sont des lignes droites… mais c'est très fragile ! La doublure intérieure du masque est tellement fine que ça se déchire". Après la coupe, le tissu est envoyé dans les sept ateliers coopérateurs du quartier.

Un pari coopératif

La coopérative d'artisans a été créée en 2015 à la Goutte-d'Or. Aujourd'hui, c'est Alexandre Zongo, lui-même couturier dans le 18e arrondissement, qui la gère. "Le but, explique-t-il, c'est le long terme ! Faire des masques aujourd'hui ça permet de se former, de rénover les ateliers, d'améliorer nos systèmes… et de gagner sa vie ! Ce n'est pas évident pour la plupart des ateliers qui sont dans l'économie informelle". Pour Alexandre Zongo, originaire du Burkina Faso, c'est aussi un joli pari coopératif. "De nos jours, rappelle-t-il, il n'y a pratiquement plus d'usine de couture. Il n'y en a pas à Paris !". Selon lui, c'est même impossible de trouver "des grosses boîtes qui peuvent fabriquer et livrer 7 000 à 10 000 masques par jour".

Une organisation qui monte en puissance

Forcément, cette capacité de fournir des milliers de masques aux Parisiens ouvre des portes à la coopérative restée dans l'ombre depuis sa création. "Tout devient possible !", se réjouit Luc Dognin, un designer-maroquinier responsable de l'association sur laquelle est adossée la coopérative.

Paris Habitat a obtenu qu'on nous ouvre deux locaux !

Luc Dognin, designer-maroquinier.

"Des couturiers supplémentaires vont venir s'installer dans ces nouveaux locaux", explique-t-il avant d'ajouter : "On aurait sans doute mis des années à faire cette montée en puissance." Cette organisation est donc amenée à perdurer avec un mouvement très clair de relocalisation de la production, constatent déjà les coopérateurs. Ils sont par ailleurs en train d’investir dans une table de coupe automatisée pour augmenter la productivité et ils développent en parallèle de leurs marchés actuels la vente de masques auprès des particuliers.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.