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"On devait attendre qu'un patient meure pour pouvoir entrer": les hôpitaux de Naples débordés par la seconde vague de Covid-19

La pression devient insoutenable sur les hôpitaux de Campanie, en Italie, où des patients passent parfois plusieurs heures dans les ambulances avant qu'un lit ne se libère.

Article rédigé par Bruce de Galzain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des brancardiers emmènent un patient dans la zone de pré-triage, aux urgences de l'hopital Cardarelli, à Naples, en Italie, le 12 novembre 2020. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

L'ambulance vient de rentrer, il faut la nettoyer et la désinfecter avant de repartir. En ce moment, c'est surtout la nuit que Sabato, le conducteur, Carolina, l'infirmière et Franceso le médecin font leur quart de 12 heures. Mais à chaque fois, c'est le même refrain : il n'y pas assez de place dans cet hôpital italien de Naples, en Campanie. La seconde vague de contamination au coronavirus Covid-19 est passée par là, et la population, anxieuse, se tourne vers l’hôpital au moindre début de symptôme. "C'est la centrale opérationnelle qui nous indique dans quel hôpital on est censés aller, explique Sabato. Et même s'il n'y pas de lits, ils nous disent de rester là, aux urgences, en attendant qu'un lit se libère."

Le système sanitaire est en train de s'effondrer et à chaque fois que l'on est bloqué devant les urgences, cela fait une ambulance médicalisée de moins pour notre zone...

Sabato, ambulancier

à franceinfo

D'autres patients ne sont donc pas pris en charge pendant que l'ambulance attend et cela peut être interminable. Le trio a ainsi passé plus de 24 heures dans l'ambulance avec une patiente il y a quelques jours. Ce n'est plus gérable, alerte Carolina, l'infirmière de 24 ans. "On a transformé l'ambulance en chambre d'hôpital quand nous avons fait une intervention pour une patiente qui est restée 26 heures dans l'ambulance avant d'être admise, se souvient l'infirmière. On a peur pour elle et pour nous parce qu'on est en contact, pas seulement quelques minutes, mais 26 heures dans un lieu fermé et pas grand. Et cette patiente avait besoin d'une assistance continue ! (...) C'est dur à dire mais on devait attendre qu'un autre patient meure pour pouvoir entrer, c'est vraiment déstabilisant...", soupire Carolina.

Un appel au reconfinement d'urgence

Ils ont aussi peur de contaminer les autres. Aussi, Carolina comme Sabato et Francesco sont ultra-protégés grâce à une blouse blanche étanche. Pas un centimètre de peau n'est exposé et ils portent un masque noire comme un masque à gaz, un casque et une visière. Pour Francesco, le médecin, les services sanitaires sont tellement dépassés qu'il faut reconfiner d'urgence. "Par rapport à la première vague, on est dans une autre dimension, c'est incroyable", explique-t-il.

J'ai l'impression que malheureusement nos politiciens ne veulent pas voir la gravité de la situation. Il y a une paralysie totale des services de santé qu'ils n'arrivent plus à gérer.

Francesco, médecin

à franceinfo

"J'en veux à ceux qui savent, voient et ne font rien !" poursuit Francesco. Dans le viseur, le président de la région Campanie, le Vincenzo De Luca, qui n'a cessé de nier que les hôpitaux étaient débordés. C'est finalement l’État qui vient de décider de créer des zones rouges en Campanie.

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