"On a appris qu'on était vulnérables" : Sylvie, infirmière à l’hôpital, a subi l'épidémie de Covid-19 de plein fouet
À l'occasion de la journée internationale de défense des droits des femmes, franceinfo dresse le portrait d'héroïnes du quotidien, bouleversé par l'épidémie de Covid-19.
Caissières, enseignantes, soignantes... À l'occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, franceinfo met en avant ces héroïnes, ces femmes en première ligne depuis un an et le début de l’épidémie de Covid-19. À l’hôpital, les femmes sont majoritaires dans les métiers d’aides-soignantes et infirmières. Sylvie est infirmière à l’hôpital de Chambéry.
La première impression en la rencontrant, c’est son côté "force tranquille", 27 ans de carrière d’infirmière derrière elle. Lors des deux vagues de Covid, cette brune filiforme, qui exerce en service de chirurgie ambulatoire, n’a pas hésité à venir prêter main forte à ses collègues pour soigner les patients atteints du coronavirus. "Comme toutes en fait, je crois qu'on y est toutes allées", se souvient aujourd'hui Sylvie.
"La première vague, on y est tous allés vraiment tête baissée, avec beaucoup de confiance et puis un peu d'innocence."
Sylvie, infirmièreà franceinfo
Elle découvre alors une terrible épidémie, l’impuissance à soigner, faute de médicaments suffisamment efficaces. Sylvie et ses collègues compensent : "Il y avait notre présence déjà, humaine. Je pense qu'on a été très présent, d'autant plus que les familles ne pouvaient pas venir voir les patients de façon habituelle". La deuxième vague est encore plus forte, Sylvie ne compte plus ses heures supplémentaires. "Personne n'a jamais connu autant de décès en si peu de temps, avec une impression que ça ne s'arrêtera pas. On se disait 'quand est-ce que ça va s'arrêter ?"
Atteinte deux fois par le Covid-19
Sylvie a payé "physiquement" son engagement, tombant malade deux fois du Covid. Une première fois en mars : "On avait à peine tout juste le masque et ce n'était pas préconisé en fait". Une deuxième fois à l’automne : "On avait des pauses repas ou collations dans des offices qui sont bien petits, en fait". A-t-elle été très malade ? Elle ne veut pas en dire plus, pas du genre à s’apitoyer sur son sort.
L'infirmière retient des choses de cette épidémie à l’hôpital : "Je pense qu'on a appris, en tant que soignants et humains, qu'on était aussi vulnérables". Sylvie se remet tout juste de cette intense fatigue et pourtant, s'il y a une troisième vague, elle se portera volontaire, encore : "Bien sûr, sans hésiter. C'est mon métier, donc tant que je serai infirmière à l'hôpital, bien évidemment que je continuerai à travailler, comme la majorité". Mais cette éventuelle troisième vague, assure-t-elle, pèsera davantage sur ses épaules.
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