Nouvelle campagne de vaccination contre le Covid-19 : "Les JO peuvent servir d'accélérateur", prévient la Haute autorité de santé

Cet hiver, deux tiers des hospitalisations dues au Covid concernaient des personnes de plus de 75 ans. Si la vaccination n'est pas obligatoire, elle fortement conseillée aux personnes immunodéprimées et âgées en raison du fort brassage de population qui se prépare.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Professeure Anne-Claude Crémieux, membre du collège de la HAS et présidente de la commission Technique des vaccinations, le 15 avril 2024. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Nous ne sommes pas à l'abri d'une augmentation des cas" de Covid-19, a mis en garde lundi 15 avril sur franceinfo Anne-Claude Crémieux, membre du collège de la Haute autorité de santé (HAS) et présidente de la commission technique des vaccinations. Le Covid-19 est toujours une menace notamment pour les personnes immunodéprimées et pour les plus âgés.

Une nouvelle campagne de vaccination est lancée lundi à destination en particulier de ces publics. Elle n'est pas obligatoire, mais fortement conseillée. "Les Jeux olympiques peuvent, en cas de recrudescence au printemps ou à l'été, servir d'accélérateur", a-t-elle expliqué. Selon elle, "c'est d'autant plus prudent" que les personnes fragiles "les plus à risque" aient "une protection suffisante" alors qu'un fort brassage de population se prépare.

franceinfo : Pourquoi cette nouvelle campagne de vaccination ?

Anne-Claude Crémieux : Les personnes les plus fragiles, les personnes de plus de 80 ans, les personnes immunodéprimées, les personnes qui sont dans les longs séjours restent les principales victimes du Covid. Cet hiver avec une vague qui a somme toute été relativement modérée, avec 33 000 hospitalisations, deux tiers de ces hospitalisations concernaient des personnes de plus de 75 ans. Et quant aux décès, c'est toujours plus de 90% des personnes qui ont plus de 65 ans. Lorsque l'on regarde les personnes qui sont hospitalisées en réanimation, plus de 93% de ces personnes ont eu un rappel qui date de plus de six mois.

"Lorsque vous faites un rappel, vous augmentez de façon très importante la protection contre les formes sévères d'environ 50%. Mais malheureusement, sans cette protection, elle va décroître entre trois et six mois."

Anne-Claude Crémieux, présidente de la commission technique des vaccinations

à franceinfo

L'avantage, c'est qu'un nouveau rappel pour le printemps va pouvoir de nouveau augmenter cette protection contre les formes sévères de façon optimale.

La dernière campagne de vaccination n'a pas rencontré un franc succès. Cela vous inquiète ?

La dernière épidémie a été modérée en termes d'impact sanitaire parce qu'on a affaire déjà à une population qui est fortement immunisée. La deuxième raison, c'est qu'on a toujours affaire à la famille Omicron qui est une famille de variants et de sous-variants moins virulents que celle que nous avons connue dans les années 2020 et 2021. Mais le virus continue à circuler, même s'il circule peu aujourd'hui. Il y a 57 hospitalisations cette dernière semaine. Et nous ne sommes pas à l'abri de ce qu'on a connu en 2023, d'une augmentation des cas, une recrudescence, notamment au printemps, qui serait liée à l'émergence d'un sous-variant qui serait moins sensible aux vaccins et à l'immunité de la population, avec ce qu'on appelle un échappement immunitaire ou qui serait plus transmissible.

Cette campagne a-t-elle un rapport avec les Jeux olympiques qui auront lieu cet été à Paris ?

On aurait demandé ce rappel même sans les Jeux olympiques, encore une fois, parce qu'au bout de six mois, on peut considérer que pour les plus fragiles, la protection contre les hospitalisations a diminué nettement. Néanmoins, bien sûr, les Jeux olympiques peuvent, en cas de recrudescence au printemps ou à l'été, servir d'accélérateur. Donc, évidemment, c'est d'autant plus prudent que ces personnes les plus à risque aient une protection suffisante.

En période de forte transmission, ne faudrait-il pas que les Français retrouvent le réflexe de porter le masque ?

Dans les périodes de forte transmission, il est tout à fait légitime de porter un masque. Bien sûr, quand on fait partie de ces personnes fragiles et pour toute personne qui présente des symptômes pour ne pas risquer de contaminer les personnes autour de soi. Il y a forcément des personnes fragiles autour de soi quand on est dans un lieu bondé comme les transports en commun ou les lieux collectifs.

Est-ce que faire plusieurs rappels peut favoriser l'apparition d'effets secondaires indésirables ?

On a un très bon recul cette fois-ci avec sur les vaccins. Les rappels sont extrêmement bien tolérés. Il y a même des anecdotes de gens qui ont reçu plus d'une centaine de rappels et on n'a pas vu d'effets indésirables liés à ces rappels. On considère que c'est vraiment des vaccins qui sont sûrs et efficaces.

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