Nouveau monde. L’application StopCovid a été téléchargée par moins de deux millions de personnes
Le secrétaire d’État au numérique Cédric O a fait le bilan après trois semaines d’utilisation.
Il est sans doute trop tôt pour parler d’échec mais on ne peut pas dire pour autant que l’application StopCovid, à ce jour, soit une réussite. Trois semaines après sa mise en ligne, le 2 juin dernier, l’application censée avertir des risques de contamination a fait l’objet d’à peine 1,9 million de téléchargements et 1,8 million d’activations (env. 2,7% de la population), selon les chiffres publiés mardi 23 juin par le secrétaire d’État au numérique, Cédric O.
Au total, 68 personnes ont joué le jeu en déclarant dans l’application, à l’aide d’un QR code, qu’elles étaient malades après avoir été diagnostiquées positives au coronavirus. Cela a donné lieu à l’envoi de 14 notifications, un ratio très faible que Cédric O, lui-même, avoue ne pas expliquer.
Il y a eu également 24 000 désactivations et 460 000 désinstallations de l’application, notamment durant ces derniers jours. Actuellement, le nombre de téléchargements serait en stagnation. A titre de comparaison, en Allemagne, il y a eu beaucoup plus de téléchargements : environ 12 millions, ce qui représente 14,5% de la population contre 2,7% en France.
Une application mal née
Depuis le début, l’application StopCovid a collectionné les critiques. Elle a été jugée inutile à cause du faible nombre d’utilisateurs et du recul de l’épidémie, limitée car non-interopérable avec les applications des autres pays ou encore trop curieuse, en raison du grand nombre de données remontant sur le serveur central chargé de calculer les interactions entre les utilisateurs.
Le fait qu’il s’agisse d’un outil totalement nouveau et inconnu, sans obligation d’installation, n’a pas facilité son appropriation et a soulevé des inquiétudes. Selon Guillaume Poupard, de l’ANSSI, "une application comme celle-là n‘est pas anodine et la critique est saine". Cependant, StopCovid a aussi suscité beaucoup de fantasmes et même de fausses informations (par exemple, la suspicion de surveillance des déplacements, qui est totalement injustifiée).
100 000 euros par mois
Enfin, combien coûte-t-elle ? Selon les chiffres fournis par le ministère, de juin à décembre, l’addition se situerait entre 740 000 et 1,3 million d'euros. Les donneurs d’ordre précisent que, jusqu’au lancement, aucun intervenant, ni public ni privé, n’a été payé. En Allemagne, selon Cédric O, l’application équivalente aurait coûté 20 millions d’euros et en Grande-Bretagne 4,2 millions d’euros (3,8 millions de livres sterling).
Recentrée sur les clusters
Et maintenant, que va-t-il se passer ? L’application StopCovid va continuer à être diffusée. Son utilisation va être concentrée sur les clusters (foyers d’infection), notamment en Guyane. Elle va aussi faire l’objet de mises à jour. Notamment, un captcha (système d’authentification servant à bloquer l’accès aux robots) développé par l’opérateur Orange va être déployé en remplacement de Google actuellement utilisé. Les chercheurs de l’INRIA travaillent déjà sur des solutions futures qui seront interopérables avec les autres pays. Un nouveau protocole devrait être disponible durant la première quinzaine de juillet.
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