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Non, il n’y a pas d’étude sur des "cobayes" en Afrique pour tester un vaccin contre le coronavirus

Des messages devenus viraux sur les réseaux sociaux affirment que le vaccin BCG est testé sur des cobayes en Afrique. Des études ont bien commencé mais aucune en Afrique.

Article rédigé par franceinfo - Joachim Dauphin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Capture d'écran d'un post Facebook, du 2 avril 2020, évoquant une vaccination expérimentale en Afrique. (CAPTURE ECRAN)

De nombreuses publications virales sur les réseaux sociaux affirment ces dernières heures que des Africains vont être utilisés comme cobayes en vue d’un vaccin contre le coronavirus.

Pour le prouver, ces publications renvoient vers la vidéo d’un échange entre Jean-Paul Mira, médecin réanimateur de l’hôpital Cochin de Paris, et Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm, autour des espoirs suscités par le vaccin contre le BCG pour faire face au Covid-19. 

"Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ?", demande Jean-Paul Mira dans l’extrait. "Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique", répond alors Camille Locht. Des propos qui ont provoqué un tollé et de nombreuses réactions qualifiant notamment de raciste les propos deux chercheurs qui se sont depuis excusés.

Mais au-delà de la polémique, des essais sont-ils effectivement prévus pour tester en Afrique l’éventuelle efficacité du vaccin contre la BCG ? Dans un communiqué, l’Inserm a démenti que l’Afrique soit concernée par cette étude. La cellule Vrai du faux vous explique.

Pas d’études lancées en Afrique

La piste du vaccin BCG contre le coronavirus est explorée par l’Inserm depuis que des études épidémiologiques ont montré une corrélation entre taux de vaccination au BCG et taux de mortalité face au Covid-19, même s'il n'est pas encore prouvé qu'il existe un lien de causalité. Des recherches sont donc effectivement en cours.

Mais "il n’y a aucune étude sur le vaccin BCG et ses effets sur le coronavirus en Afrique", a confirmé l’Inserm à franceinfo ce vendredi. Le professeur Camille Locht, directeur de recherches à l’Inserm et à l’Institut pasteur de Lille, a précisé à franceinfo que "des études sont en cours sur trois continents mais qu’il y a même pas encore de projet en Afrique".

L’Inserm a indiqué dans un communiqué publié jeudi 2 avril espérer que l’Afrique ne soit "pas oubliée ni exclue des recherches dans le futur, car la pandémie est globale". L’organisme de recherche affirme aussi qu’"aucune étude en Afrique ou ailleurs n’a lieu sans l’accord ni la collaboration des autorités des pays concernés". 

Des essais en Europe et en Australie

Des études sur ce vaccin BCG contre la tuberculose et coronavirus ont par contre bien commencé dans plusieurs pays hors d’Afrique. Le plus important a lieu en Australie sur 4 160 volontaires par le Murdoch Children's Research Institute. Selon l’Inserm, une autre étude aux Pays-Bas concernent 1 000 personnes et d’autres essais sont en préparation en Allemagne ou encore aux États-Unis.

En France, Camille Locht est en train "de se coordonner avec l’Espagne pour mener une étude de grande ampleur". Ces essais seront menés surtout sur des personnels soignants, les plus exposés au virus. "L’idée est de faire une étude contrôlée par placebo. A la fin de l’étude on va tenter de voir si ceux qui ont reçu le BCG sont moins souvent malades ou moins gravement malades que ceux qui ont eu le placebo", explique le professeur Locht.

Les chercheurs rappellent aussi que le vaccin BCG a déjà montré des résultats contre d’autres infections respiratoires. Une corrélation pas confirmée pour le Covid-19 à ce stade. "Aucune donnée ne permet à ce jour de recommander une vaccination au BCG pour se protéger du Covid-19", rappelle ainsi l’Inserm. Les premiers résultats des études ne sont pas attendus avant plusieurs mois. 

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