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Masques respiratoires : un organisme nantais porte plainte après la découverte d'un faux certificat de conformité émis à son nom

Certains fabricants ou importateurs de masques utilisent des certificats de conformité falsifiés. L’école supérieure du bois (ESB) de Nantes vient de porter plainte suite à l’utilisation abusive de son nom, révèle la Cellule investigation de Radio France.

Article rédigé par Sylvain Tronchet - Cellule investigation de Radio France
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un femme ajuste un masque FFP2 sur son visage. Photo d'illustration. (FRANKHOERMANN/SVEN SIMON / SVEN SIMON)

En pleine pandémie de coronavirus, les tensions sur l’approvisionnement en masques de protection ont entraîné une recrudescence des tentatives d’escroquerie. L’école supérieure du bois (ESB) de Nantes en a fait la mauvaise expérience. Elle a annoncé à la Cellule investigation de Radio France qu’elle allait porter plainte après avoir découvert un faux certificat de conformité émis en son nom et accompagnant des masques respiratoires actuellement commercialisés. Ce document semble avoir été utilisé par un intermédiaire britannique proposant des équipements de protection, fabriqués en Chine, sur le marché européen.

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Ces dernières semaines, plusieurs organismes européens ont alerté sur le fait que de nombreux certificats de conformité émis en leur nom pour des masques respiratoires étaient en réalité des faux. Ces "organismes notifiés" sont une centaine autorisés à accorder le marquage CE pour les masques respiratoires FFP2, actuellement particulièrement recherchés parce que considérés comme étant les seuls réellement protecteurs pour les personnels les plus exposés au Covid-19. Mais le processus de certification est long et complexe. Et certains décident apparemment de s’en affranchir.

"Nous réalisons des tests sur des matériaux de construction et de la menuiserie"

Mardi 21 avril, Arnaud Godevin, le directeur de l’ESB, reçoit un curieux message d’une pharmacie de Rome, en Italie. Celle-ci lui demande de confirmer l’authenticité d’un certificat de conformité pour des masques respiratoires à la norme chinoise KN95, l’équivalent de la norme FFP2 en Europe. "En plus de nos activités de formation, explique Arnaud Godevin, nous réalisons des tests sur des matériaux de construction et de la menuiserie. Nous sommes un organisme notifié depuis le début de l’année 2020 dans ce domaine. Mais en aucun cas nous ne sommes habilités à délivrer un marquage CE pour des masques !"

Certificat falsifié au nom de l’école supérieure du bois utilisé par un importateur pour vendre des masques en provenance de Chine. (CELLULE INVESTIGATION DE RADIOFRANCE)

Le document envoyé par la pharmacie romaine comporte le nom et l’adresse de l’établissement nantais accolé à celui d’une société britannique : Euroscene Busines Solutions Limited. Le nom de cette société renvoie à une adresse située dans le "Chinatown" londonien, qui est aussi celle d’un cabinet d’expertise comptable. Ses dirigeants n’ont pas pu être joints par la Cellule investigation de Radio France. Néanmoins, nous avons trouvé la trace de nombreux autres certificats de conformité émis ces dernières années au nom de cette société, qui semble aussi avoir eu une filiale en Allemagne. Ces certificats, divers, pouvaient concerner aussi bien des dispositifs médicaux que des machines industrielles. Problème : aucun organisme de ce nom n’a été agréé en Europe comme organisme notifié. 

"Nous avons donc immédiatement démenti être à l’origine de ce certificat qui est un faux grossier, poursuit Arnaud Godevin, la pharmacienne a eu un très bon réflexe en nous appelant." La commande qui avait été émise par un groupement de plusieurs pharmacies italiennes a été annulée. En revanche, tous ne semblent pas avoir pris ces précautions. Une autre pharmacie en ligne transalpine propose actuellement ces masques à la vente (voir ci-dessous) au prix prohibitif de 9,15 euros l’unité, en affichant sur son site le faux certificat de conformité.

Une pharmacie en ligne italienne propose ces masques à la vente muni du faux certificat de conformité établi au nom de l’ESB. (CAPTURE D'ÉCRAN)

Il est impossible de savoir quelle quantité de ces masques ont été vendus, et quelles sont leurs réelles performances. Il est possible néanmoins qu’ils aient été diffusés ailleurs qu’en Italie. Peu après avoir porté plainte auprès du procureur de la République de Nantes, l’ESB recevait un nouveau message, émanant cette fois d’un importateur hongrois, lui demandant de confirmer l’authenticité du certificat de conformité qui venait de lui être fourni.

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