Manifestations en Guadeloupe : le mouvement est composé de "jeunes désœuvrés", selon une sociologue
La sociologue Patricia Braflan-Trobo, spécialiste des Antilles, a estimé lundi sur franceinfo que la mobilisation en Guadeloupe "n'est pas un mouvement organisé [par la] jeunesse".
"On ne voit pas trop les personnes qui ont initié [le] mouvement de grève [en Guadeloupe] sur les barrages", a expiqué sur franceinfo lundi 22 novembre Patricia Braflan-Trobo, sociologue spécialiste des Antilles. Selon elle, des "jeunes désœuvrés" sont "utilisés" comme "sous-traitants" pour maintenir les barrages qui bloquent l'île.
Depuis une semaine, un mouvement de contestation contre le pass sanitaire et l'oblitgation vaccinale secoue l'île d'Outre-mer. Une réunion est prévue lundi à 18 heures autour du Premier ministre Jean Castex.
franceinfo : Avez-vous le sentiment que les manifestations en Guadeloupe vont durer et sont constituées de groupes organisés ?
Patricia Braflan-Trobo : Non, je ne crois pas, parce qu'on ne voit pas trop les personnes qui ont initié ce mouvement de grève sur les barrages. Ce sont des jeunes désœuvrés qui, de mon point de vue, sont actuellement utilisés pour maintenir ces barrages. La trentaine de grévistes qui passe en comparution immédiate lundi est en majorité constituée de jeunes qui ont peut-être profité de cette délinquance d'opportunité pour faire quelques braquages et quelques casses. Mais ce n'est pas un mouvement organisé de cette jeunesse, qui est effectivement en difficulté et a besoin qu'on s'occupe d'elle. Cependant, de mon point de vue, cette jeunesse ne devrait pas être utilisée comme "sous-traitants" pour maintenir des barrages.
Cela signifie-t-il qu'Emmanuel Macron a raison quand il appelle à ne rien céder "au mensonge et à la manipulation" ?
Personnellement, en tant que Guadeloupéenne, je n'ai rien cédé à ces mensonges et à cette manipulation. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu des morts à cause de ces mensonges et de ces manipulations. Beaucoup de personnes ont utilisé ce virus pour se mettre dans une position politique et faire avancer leurs idées. Ce sont des combats qui ont été menés au nom de ce virus, en faisant croire aux gens que le vaccin n'était pas sûr, qu'il était en cours d'expérimentation, que personne ne le connaissait et qu'il ne fallait pas le prendre alors que certains d'entre eux étaient eux-mêmes vaccinés. Le président de la République, Emmanuel Macron, a donc effectivement raison. Personne, pas plus lui que d'autres - comme moi - qui nous battons contre l'obscurantisme, ne doit rien céder à la manipulation sur ce virus et cette pandémie. C’est un virus qui tue : nous avons perdu près de 300 personnes en Guadeloupe au mois d'août.
Ces manifestations perturbent-elles l'activité économique ?
La Guadeloupe sort d'une période de confinement très longue durant laquelle des personnes n'ont pas travaillé, avec beaucoup de chômage partiel. Les Guadeloupéens, majoritairement, ne sont pas vaccinés. Néanmoins, ils sont très peu à être concernés par l'obligation vaccinale. Ils ne peuvent pas soutenir ce mouvement parce que, pour le majorité d'entre eux, ils veulent retravailler. Ce n'est pas qu'ils sont pour la vaccination, mais ils veulent retrouver une activité économique. Les chefs d'entreprise, les gens de l'événementiel, les restaurateurs, etc. qui ont été fermés pendant longtemps veulent commencer à sortir la tête de l'eau, et là, cela retombe encore parce qu’à peu près 10% des personnes refusent l'obligation vaccinale. La population n'adhère donc pas majoritairement à ce mouvement.
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