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Le rendez-vous du Particulier. Crise sanitaire : l'épargne des Français est-elle protégée des faillites de banques ?

Les placements des Français sont-ils protégés en ces temps de crise ? 

Article rédigé par franceinfo, Jules de Kiss
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Que devient l'épargne des français en ces temps de crise sanitaire et de pandémie ?  (MAXPPP)

On parle épargne aujourd'hui, avec un article signé Éric Leroux sur cette question de l'épargne en temps de crise, et publié dans Le Particulier, le mensuel patrimonial du groupe Figaro. On peut commencer par être rassurant. 

franceinfo : à priori, l'argent placé sur les comptes bancaires est à l'abri, le risque de faillite des banques est plutôt faible ?

Éric Leroux  : Les autorités publiques semblent plutôt rassurantes sur ce point, et ce risque paraît moins important que durant la crise de 2008, qui était financière. Depuis cette crise, la réglementation a fortement poussé les banques et les assureurs à augmenter leurs niveaux de solvabilité, qui leur permet d'honorer leurs engagements. Ces établissements se sont trouvés dans une situation solide pour affronter la crise.

Le fait que la BCE mette beaucoup d'argent sur la table pour soutenir les banques permet aussi de ne pas trop craindre pour son argent de ce côté-là. La plupart des observateurs se montrent donc très confiants sur la solidité des banques, du moins tant que la crise économique que nous allons traverser ne s'éternise pas trop, et que les États restent à la manœuvre pour soutenir l'activité.

Pour les placements sur les marchés financiers, en revanche les épargnants sont plus exposés ?

Pour les pertes subies sur les marchés financiers, il n'existe pas de protection. Les épargnants les assument eux-mêmes. Les dispositifs de protection ne jouent qu'en cas de défaillance d'un établissement financier. Pour dire les choses crûment, en cas de faillite d'une banque ou d'un assureur.

Et si cela survient ? En cas de faillite d'une banque ou d'un assureur, quelles seraient les protections pour les clients et épargnants ?

Il existe des fonds de garantie qui sont justement là pour protéger les clients et épargnants dans ce genre de situation. Pour les banques, par exemple, ils peuvent intervenir pour indemniser les clients à hauteur de 100 000 euros par personne. Pour les assureurs, le fonds de garantie est un peu moins généreux et n'intervient qu'à hauteur de 70 000 euros. Au-delà de ces paliers, il n'y a pas d'indemnité, l'argent est perdu.

Alors justement, l'assurance vie : beaucoup de Français en ont une. Qui gère cette épargne, quels sont les risques ?

Les assureurs ne supportent pas les mêmes risques que les banques et ils sont eux aussi largement solvables. En moyenne, avant la crise, ils disposaient d'une marge de solvabilité deux fois supérieure au niveau exigé par la réglementation européenne. Ce niveau de solvabilité va se réduire mécaniquement, en raison des baisses des marchés boursiers, mais leur matelas de sécurité est confortable et il devrait permettre de traverser cette période. 

Pour autant, il ne faudrait pas que des grands États et grandes entreprises soient eux-mêmes défaillants, car dans ce cas, les assureurs se retrouveraient avec des placements en obligations qui ne vaudraient plus rien, et ils devraient compenser cette perte avec leurs fonds propres, qui pourraient du coup ne pas y suffire. Dans ce cas extrême, difficile à imaginer, des faillites ne pourraient pas être exclues.

Et ces fonds de garantie seraient suffisants dans ces cas là, pour faire face à une crise systémique ?

Non, ils sont taillés pour affronter des défaillances ponctuelles, pas des crises systémiques. Si des banques ou assureurs devaient tomber en cascade, il faudrait faire appel au mécanisme européen de solidarité, mais il est déjà très sollicité aujourd'hui. Il existe là un grand point d'interrogation.

Si mon conseiller financier m'a vendu des produits risqués et que j'ai perdu beaucoup d'argent, est-ce que je peux me retourner contre lui ?

Oui, mais il faudra démontrer qu'il a commis une erreur en vous faisant souscrire ces produits. Ce sera le cas si vous lui avez signifié clairement que vous ne vouliez prendre aucun risque et qu'il vous a malgré tout vendu un produit boursier. Mais il ne faut pas nourrir de grands espoirs de ce côté-là, car les procédures de commercialisation sont maintenant très encadrées.

Avant de vendre un produit financier, un conseiller doit se renseigner sur votre profil de risque, la durée prévue de votre placement, votre situation patrimoniale. Vos réponses conditionnent les produits qu'il peut vous proposer. Il vous fait également signer une montagne de papiers qui doivent prouver qu'il a obtenu votre consentement et qu'il a vous a correctement informé. Sauf dans des cas extrêmes de vente inappropriée, il y a donc peu de chances de pouvoir le mettre en cause, d'autant que personne ne pouvait prévoir la survenue de la pandémie et ses conséquences exceptionnelles.  

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