Le brief éco. Confinement : comment les assureurs répondent aux critiques
Depuis le début de la crise, les assureurs sont la cible de nombreuses critiques face à l’inquiétude des professionnels qui voient leurs pertes de revenus non indemnisées. Le secteur se défend.
Les grands groupes d’assurances français viennent, notamment, de verser 400 millions d’euros au fonds de solidarité mis en place par l’État. Ils font des gestes commerciaux de plusieurs milliards d’euros envers leurs clients mais la grogne des PME, artisans et commerçants ne faiblit pas. Au point que le président de la République s’est emparé du sujet lors de son intervention télévisée lundi 13 avril.
Risque systémique
Il y a aujourd’hui un vrai problème de fond : la pandémie n’est pas assurable. Au même titre que les guerres, les pandémies ne peuvent être assurées car ce sont des risques systémiques : tout le monde est touché en même temps. Impossible pour les assureurs de couvrir intégralement et immédiatement, d’assurer, par exemple, les pertes d’exploitations énormes subies par les PME, artisans et indépendants. C’est l’ensemble du système qui serait menacé.
Il faut savoir que les fonds propres des compagnies d’assurance françaises - l’argent disponible immédiatement dans les caisses – s’élèvent aujourd’hui à un peu moins de 60 milliards d’euros. C'est insuffisant pour indemniser tout le monde immédiatement. Il aurait fallu préparer le système beaucoup plus tôt, en amont. En vain. Tout le monde se retrouve aujourd’hui face à une situation inédite.
Les assureurs devrontréviser leur modèle économique
C’est un peu une révolution copernicienne qui se prépare car, à la base, le risque est assurable à partir du moment où existe une probabilité, une statistique, qui permet de fixer le montant de sa prise en charge. C’est le cas avec les catastrophes naturelles (on le sait faire depuis plusieurs décennies) mais pas avec une pandémie protéiforme. D’autant qu’un nouveau système assurantiel ne pourrait pas reposer entièrement sur des mécanismes de marchés ou sur de simples normes juridiques. C’est vraiment une nouvelle méthode à inventer.
À quoi pourrait ressembler ce nouvel édifice ?
L’idée est de construire un système qui s’inspirerait de celui des catastrophes naturelles : un régime spécifique avec un premier étage pris en charge par les assureurs et l’étage supérieur assumé par l’État. Assureurs, réassureurs et gouvernement viennent d’entamer les discussions. Selon le PDG du groupe Generali, Jean-Laurent Granier, invité de franceinfo, les premières conclusions et propositions pourraient être rendues dès la fin du mois de juin.
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