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Le billet sciences. Anakinra : un espoir pour empêcher l'emballement du système immunitaire

Une étude publiée dans "The Lancet" et menée par des chercheurs français montre les effets bénéfiques de l'anakinra, un médicament bien connu des rhumatologues. Il permet de réduire le nombre de patients atteint du Covid-19 en réanimation.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un laborantin avec une pipette et une fiole. Photo d'illustration. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

L'anakinra est un anti-inflammatoire donné en traitement contre la polyarthrite, cette maladie des articulations principalement. L’équipe d'une vingtaine de chercheurs, dont le professeur Jean-Jacques Mourad de l’hôpital Saint-Joseph, à Paris, vient de publier une étude encourgeante dans The Lancet.  Elle présente des résultats sur 52 patients avec des formes graves du Covid-19 et traités avec ce médicament.  Une plus faible proportion de ces patients a du aller en réanimation ou n'a pas survécu. En effet, pour le groupe traité à l'anakinra, c'est un quart des patients seulement, alors que sur un groupe témoin sans ce traitement, c’était 73%.

L'équipe reconnait le faible échantillon et plaide pour que d'autres hôpitaux et d'autres patients puissent participer à des études avec ce médicament pour confirmer leur résultat.

Déjà un espoir avec un médicament contre la polyarthrite

Plusieurs études sur le tocilizumab, là aussi prescrit contre la poylarthirte rhumatoïde, ont montré des résultats bénéfiques. Une équipe de l’hôpital Foch de Suresnes a traité 29 patients avec ce médicament. Même chose, chez des chercheurs chinois sur 20 patients, ils ont d'ailleurs publiés leur étude sur l'essai. Cela réduit de moitié le nombre de personnes ayant besoin d’aller en réanimation par rapport au groupe témoin, il y a moins d’effet secondaire et moins besoin d’oxygène.

Mais il ne faut pas crier victoire trop vite et bien vérifier encore sur de plus large cohorte les bénéfices de ces anti-inflammatoires. L’AP-HP mène un essai de plus grande ampleur sur 130 patients avec des résultats préliminaires encourageants. 

Une pratique clinique depuis le mois de mars

Même si les études ne disent pas forcément si ce sont ces médicaments qui ont un effet sur l'état de santé des patients ou autre chose, ils sont déjà donnés dans les hôpitaux depuis plusieurs mois pour faire face à l'épidémie. Ils sont donnés à titre compassionnel, c’est-à-dire quand on ne sait plus quoi faire pour aider le patient. Ils permettent surtout de lutter contre l’un des mystères de cette maladie : l’emballement du système immunitaire, ou tempête de cytokines, cet ensemble de protéines qui réveillent nos défenses face à un virus mais qui parfois échauffent nos organes au point d'entraîner la mort des patients. Comment réfreiner cet emballement ? Comment le repérer quand il commence ? Perdre des patients jeunes et en bonne santé, c’est ce que ne comprenaient pas les soignants au début de l’épidémie. Aujourd’hui, avec ces anti-inflammatoires, ils n’ont peut-être pas de solution infaillible mais ils ont un espoir de l’éviter.  

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