L'Association internationale du transport aérien appelle le gouvernement à faire "repartir le trafic aérien", sinon "la reprise économique va être faible et lente"
Son directeur évoque une crise "sans précédent" et ne prévoit pas de retour à la normale du trafic avant 2022-2023. Et encore, à condition qu'il n'y ait pas de "deuxième ou troisième vague" d'épidémie de coronavirus.
Alexandre de Juniac, ancien président-directeur général d'Air France-KLM, directeur général de l'IATA (Association internationale du transport aérien) appelle vendredi 26 juin le gouvernement à faire "repartir le trafic aérien", car sans lui "la reprise économique va être faible et lente", a-t-il mis en garde. L’aéroport d’Orly a rouvert symboliquement vendredi après trois mois de fermeture dû à la crise du coronavirus. Seulement 10% des vols seront assurés.
franceinfo : Quand le trafic redeviendra normal ?
Alexandre de Juniac : Pas tout de suite. Nous avons prévu que le trafic reprendra progressivement. Les marchés domestiques à la fin du deuxième trimestre, les marchés continentaux, c'est-à-dire l'Europe, l'Asie-Pacifique, l'Amérique du Nord au troisième trimestre et l'intercontinental au quatrième trimestre. Mais à la fin du quatrième trimestre, nous estimons que le trafic devrait être entre 50 et 60% de ce qu'il était en 2019. Cela reste encore assez faible et on devrait retrouver des tendances historiques en 2022-2023, si tout va bien. C’est sûr que s'il y a une deuxième ou une troisième vague qui amène les gouvernements à fermer des frontières ou à prendre des mesures de confinement très strictes, ça portera un coup encore très sévère au transport aérien.
Est-ce que c'est la crise la plus dure de l'histoire de l'aviation ?
Oui, et de très, très loin. C'est sans précédent.
Nous allons perdre la moitié de notre chiffre d'affaires pour l'année 2000, c'est-à-dire 420 milliards de dollars, et nos pertes cumulées devraient avoisiner 84 milliards de dollars pour l'ensemble du secteur.
Alexandre de Juniac, directeur général de l'IATAà franceinfo
Donc c'est gigantesque. Il y a à peu près 90% du trafic qui est arrêté. Nous faisons voler à peine 10% de nos avions. Et ça, on ne l'a pas vu en gros depuis la Deuxième Guerre mondiale. Et pourtant, nous avons connu des crises : le 11-Septembre, le SRAS, la crise économique de 2008. C'est une industrie qui est un peu, malheureusement, habituée aux crises, mais pas de cette ampleur.
Le fait d'appeler à passer les vacances en France comme l'avait fait le Premier ministre pendant le confinement, cela ne doit pas vous arranger ?
On a beaucoup travaillé pour faire repartir le secteur dans le cadre de l'organisation de l’aviation civile internationale avec la contribution des autorités médicales, dont l’OMS, avec 25 gouvernements, pour mettre en place des procédures de contrôle des passagers et de contrôle sanitaire qui nous paraissent sûres. Elles minimisent le risque d'attraper le virus pendant le voyage, soit de le transmettre d'un pays à l'autre. Nous disons au gouvernement, mettez en œuvre ces mesures très sérieusement, rigoureusement. Elles minimisent vraiment le risque à un niveau qui nous paraît tout à fait acceptable. Faites repartir le trafic aérien. Nous sommes une des conditions du développement économique, mais surtout une condition de la reprise économique. Sans trafic aérien, la reprise économique va être faible et lente et il vaudrait mieux qu'elle soit forte et rapide.
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