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"Je ne vais jamais m'en sortir" : des commerçants privés du Prêt garanti par l’Etat redoutent de ne pas pouvoir se relever de la crise du coronavirus

Selon un sondage réalisé par la Confédération des commerçants de France, 85% d’entre eux se disent inquiets pour l’avenir. Si le dispositif du Prêt garanti par l’Etat (PGE) doit permettre aux entreprises de garder la tête hors de l'eau, il n'est pas accordé à tout le monde.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
En raison de la crise sanitaire du coronavirus et des mesures de confinement mises en place depuis le 17 mars 2020, une partie de l'activité économique du pays a été mise à l'arrêt. Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Des centaines de milliers de commerces se préparent à rouvrir leurs portes après quasiment deux mois de fermeture due au confinement, et autant de pertes de chiffres d’affaires. Selon un sondage réalisé par la Confédération des commerçants de France, 85% d’entre eux se disent inquiets pour l’avenir. L’une des solutions, c’est le recours au Prêt garanti par l’Etat (PGE). Il est massif. Mais certains commerçants essuient des refus.

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Depuis douze ans, Grégory Guillemot dirige une entreprise de lavage de voitures à Challans, en Vendée. Bien qu’il soit en plan de redressement judiciaire, il est éligible au prêt garanti par l’Etat, financé par la BPI France, mais dont la demande doit passer par sa banque. Il évalue donc ses besoins aux alentours de 25 000 euros. "C'est à peu près ce qu'il me manque pour payer les factures, être à jour et avoir une trésorerie", explique le chef d'entreprise. Ayant perdu un mois et demi de chiffre d’affaires, Grégory Guillemot a dû suspendre tous ses paiements, et ses quatre salariés ont dû attendre avril pour leur salaire de mars. Il comptait donc sur ce prêt. Mais mauvaise surprise, sa banque n'a pas suivi.

La banque m'a dit par téléphone que je ne serai pas éligible. Donc je leur ai dit que si, j'étais éligible. Mais ils n'ont pas eu d'autre réponse à me donner...

Grégory Guillemont, patron d'une entreprise de lavage de voitures

à franceinfo

A Cancale, en Bretagne, Sébastien Jahier est lui aussi désabusé. Depuis deux ans, il a repris la vieille cordonnerie de la ville. Le confinement est venu faucher la progression de ses résultats. Il envisage donc d'emprunter les 15 000 euros correspondant à ses pertes. "J'ai demandé cette somme-là pour pouvoir repartir et on m'a purement refusé l'emprunt, raconte le commerçant. Les explications c'était qu'on n'avait pas trop de vue sur mon chiffre d'affaires. Et donc la banque ne pouvait me prêter que 5 000 euros."

J'ai déjà plus de 10 000 euros de factures de fournisseurs. Je ne vais jamais m'en sortir.

Sébastien Jahier, gérant d'une cordonnerie

à franceinfo

Selon un sondage de la Confédération des commerçants de France, 5% des commerçants interrogés disent faire face à refus de PGE. C'est deux fois plus que pour l’ensemble des entreprises. Grégory en appelle lui aujourd'hui au médiateur du crédit, tandis que Sébastien compte sur ce qui lui reste de trésorerie.

Mouvement des "Gilets jaunes", manifestations contre la réforme des retraites, confinement...

Des commerçant qui avant même la pandémie de Covid-19 était déjà fragilisés. "Le début des 'Gilets jaunes', les grèves pour les retraites... Les commerçants étaient depuis un an ou deux dans une situation fragilisée, et bien évidemment cette fragilité n'a pu que s'accentuer de façon très grave, souligne Francis Palombi, le président de la Confédération. "Il y a eu un démarrage très difficile. Mais c'est vrai que si l'Etat n'avait aidé les entreprises comme c'est le cas depuis plusieurs semaines, je pourrais vous annoncer dès ce matin des dépôts de bilan importants", poursuit-il.

D’après les derniers chiffrages du ministère de l’Economie, 62 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat ont déjà été accordés à 380 000 entreprises. Un dispositif massif, mais qui ne permettra pas de sauver toutes celles qui sont mises en difficultés.

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