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"Je ne refuse pas de participer, mais je n'ai pas les moyens" : les laboratoires de ville ne sont pas prêts pour détecter le coronavirus

Les laboratoires d'analyses médicale de ville sont désormais autorisés à réaliser des tests d'infection au Covid-19, au même titre que les laboratoires hospitaliers. Mais les professionnels du secteur dénoncent un manque de préparation et des locaux mal adaptés pour cette mission.

Article rédigé par Benjamin Illy - Édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une affichette à l'entrée d'un laboratoire d'analyses médicale, dans le 15e arrondissement de Paris, le 11 mars 2020. (BENJAMIN  ILLY / FRANCE-INFO)

"Pas de tests de coronavirus ici", affiché très clairement à l'entrée d'un laboratoire d'analyses médicales du 15e arrondissement de Paris. Un peu plus loin, dans un autre laboratoire, un flacon de gel hydroalcoolique a été posé sur le comptoir. La biologiste, Véronique, présente les locaux. Ici, "une salle d'attente qui nous empêche un peu de séparer les patients un peu dangereux, les femmes enceintes, les chimiothérapies, les immunodéprimés". Il n'y a pas le mètre de distance nécessaire ? "Si vous le voyez, donnez le moi", plaisante la biologiste. "Toute personne possiblement infectée est susceptible de contaminer les autres", ajoute-t-elle.

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Derrière son comptoir, la secrétaire accueille les personnes sans masque. "Vous pouvez gentiment la contaminer". A-t-elle beaucoup de coups de fils sur le coronavirus, sur les tests ? "De plus en plus", affirme la secrétaire. "Depuis deux ou trois jours, on a une dizaine en moyenne par jour, mais pour l'instant, on n'a pas le nécessaire adéquate", explique-t-elle.

À l'heure actuelle, les biologistes du laboratoire n'ont pas la possibilité de détecter le coronavirus. Pourtant, un arrêté du 7 mars leur permet de réaliser les tests pour faire face à l'augmentation des cas et mieux les identifier. Mais Véronique affirme qu'elle n'a rien pour le faire.

J'ai de quoi prélever, il n'y a aucun problème, mais je n'ai pas le matériel pour protéger mon personnel, me protéger, et protéger mes patients.

Véronique, biologiste

à franceinfo

La biologiste explique qu'elle n'a qu'un seul masque de type FFP2, qu'elle doit réclamer en pharmacie. Ces fameux masques chirurgicaux, plus techniques, sont utilisés pour des examens plus poussés.

L'arrêté concernant les tests en laboratoire est difficile à mettre en pratique, selon cette biologiste. "Il préconise des lunettes de protection, des blouses... Tout ça, pour l'instant, on n'a pas, je n'ai pas les tests", dit-elle. "Ces tubes ne vont pas rester comme ça, ils vont partir, ils vont être 'techniqués' avec des réactifs adaptés à la demande, nous n'avons pas ces réactifs là", ajoute la biologiste. "Je ne refuse pas de participer, mais je n'ai pas les moyens", conclut-elle.

Le syndicat des biologistes alerte

Les laboratoires de ville sont en effet mobilisés, mais ils ne semblent pas tout à fait prêts. Leurs personnels n'ont notamment pas tous reçu du matériel de protection. "Les conditions sanitaires ne sont pas encore remplies pour que les laboratoires médicaux de ville puissent prendre en charge les patients suspectés d’être porteurs du coronavirus Covid-19", affirme le syndicat des biologistes dans un communiqué.

COVID-19 : tous les laborat... by Franceinfo on Scribd

Le prix des tests en tout cas fixé à 54 euros, pris en charge à 70% par la Sécurité sociale. Le reste est remboursé par les mutuelles.

Les laboratoires ne sont pas équipés pour détecter le coronavirus - Reportage de Benjamin Illy

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