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"Hors de question de rester fermés plus longtemps" : les petits commerçants ne veulent plus attendre après le report du "Black Friday"

A la demande des commerçants, l'opération promotionnelle est reportée du 27 novembre au 4 décembre. Mais ils demandent également la réouverture de leurs boutiques au plus tôt, les 27 ou 28 novembre.

Article rédigé par Guillemette Jeannot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un magasin Camaïeu fermé en raison du confinement dû à l'épidémie de Covid-19, dans le centre commercial de la gare Saint-Lazare, à Paris, le 18 mars 2020.  (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)

Est-ce que les commerces non essentiels ouvriront le 27 novembre, date originelle du "Black Friday" désormais reporté au 4 décembre ? C'est ce qu'espèrent les quatre principales fédérations de commerce de France. Elles ont eu une dernière réunion, vendredi 20 novembre dans la matinée, à Bercy, avec les ministres de l'Economie, Bruno Le Maire, de la Santé, Olivier Véran, du Travail, Elisabeth Borne et  le ministre délégué aux Petites et moyennes entreprises, Alain Griset, au sujet du protocole sanitaire nécessaire pour la réouverture des commerces. 

Cette année, le "Black Friday", cette opération marketing et promotionnelle venue des Etats-Unis, est donc décalé d'une semaine à la suite d'une négociation entre les commerçants, les grandes enseignes, les vendeurs en ligne et le gouvernement. Satisfaits de ce premier pas, les commerçants attendent la prochaine allocution du président de la République, mardi 24 novembre à 20 heures, pour un éventuel feu vert en vue d'une réouverture le week-end suivant.

"La date du 1er décembre est trop tardive"

"Trois jours pour préparer une réouverture, c'est un délai très court", explique Bénédicte Boudet-Corric, déléguée générale des Commerçants de France (CDF) la confédération des indépendants, auprès de franceinfo. "Mais le 27 ou 28 novembre reste notre plus grande priorité. La date du 1er décembre est trop tardive dans une situation dramatique où chaque jour compte."

Au-delà du report du "Black Friday", c’est la date de réouverture avant celui-ci qui compte pour les petits commerces. "Nous n’aurions pas compris que le 'Black Friday' soit autorisé alors que nous restions fermés. Cela aurait été un geste supplémentaire d'iniquité entre nous et le e-commerce notamment", précise Bénédicte Boudet-Corric. Amazon, suivi de Leclerc ou encore Carrefour et Fnac-Darty, ont accepté de reporter le "Black Friday", comme l'a déclaré Fréderic Duval, le directeur général d'Amazon lors du 20 heures de TF1, le 19 novembre. Mais toutes les grandes enseignes ne semblent pas jouer le jeu. Ainsi, Auchan affiche toujours sur son site internet des réductions allant jusqu'à moins 50%... certes sans utiliser les mots "Black Friday", rapporte le site de BFM Business.  

Cette période de fin d'année est primordiale pour les petits commerces qui y réalisent entre "30 et 50%" de leur chiffre d'affaires, précise Lionel Saugues, vice-président de la Confédération des commerçants de France (CDF) auprès de franceinfo. "La priorité absolue est d'ouvrir rapidement pour ces commerçants à bout. Il en va de la survie de certains", ajoute-t-il.

"Hors de question de rester fermés plus longtemps. Sinon le gouvernement sera responsable d'une catastrophe économique."

Lionel Saugues, vice-président de la CDF

à franceinfo

Le CDCF estime d'ores et déjà la perte globale de chiffre d'affaires pour les mois de novembre et décembre à plus de 21 milliards d'euros. Quant aux risques de fermetures définitives de commerces et de suppressions d'emplois, il l'évalue à 20 335 pour le premier mois et à 95 500 pour le second.

Vers une ouverture le dimanche ?

En attendant une levée de rideau après plusieurs semaines de fermeture, les différents porte-parole du secteur du commerce ont finalisé leur protocole sanitaire, vendredi 20 novembre. "Le premier protocole était déjà contraignant et avait fait ses preuves car aucun cluster n'a été identifié dans un commerce de centre-ville", souligne Lionel Saugues de la CDF. 

La jauge actuelle pour recevoir le public serait divisée par deux en passant de "4 à 8 m2 par client", détaille Bénédicte Boudet-Corric, du CDF. "En plus de toutes les règles de bon sens que les indépendants appliquaient déjà, comme le sens de circulation à l'intérieur des commerces et l'utilisation du gel hydroalcoolique, il y aurait une incitation à utiliser l’application TousAntiCovid", précise la déléguée générale. Afin d'étaler les flux de clientèle, les horaires d'ouverture pourraient être élargis jusqu'à 22 heures.

Toutes les fédérations ont donné leur accord pour une ouverture le dimanche et ce, dès la fin novembre, ce qui "permettrait de diluer l'afflux de clients", souligne William Koeberlé, le président du Conseil du commerce de France (CDCF), contacté par franceinfo.

"Nous sommes également unanimes, y compris les commerçants indépendants, pour une ouverture les dimanches de janvier et que cette ouverture dominicale soit dérogatoire et non plus soumise à une autorisation préfectorale."

William Koeberlé, président du CDCF

à franceinfo

Une demande que la ministre du Travail, Elisabeth Borne, devra soumettre aux syndicats avant une éventuelle validation. Le nouveau protocole sanitaire doit aussi être validé par le Haut Conseil de santé publique. 

Dans l'attente d'"une bonne nouvelle", le Conseil national des centres commerciaux (CNCC), qui regroupe les bailleurs et les enseignes présentes dans ces centres, ne compte pas relâcher la pression. Car s'il milite comme les autres pour une réouverture au plut tôt, "il faut qu'elle soit totale et générale", insiste Gontran Thüring, le délégué général auprès de franceinfo. "Lors du premier confinement, l’ouverture a été progressive en fonction de la surface des commerces, disqualifiant ainsi les boutiques dans les zones commerciales. Il faut que tout le monde ouvre le même jour."

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