Crise du Covid-19 : la mission d'évaluation pointe les "défauts" de la gestion sanitaire, mais juge "satisfaisante" la réponse économique
Dans un rapport d'étape, le groupe d'experts mandaté par Emmanuel Macron relève des problèmes de disponibilité des masques, de déploiement des tests et de coordination entre les différents acteurs.
Disponibilité des masques, déploiement des tests, coordination entre les différents acteurs et déclin de la priorité accordée à la prévention… Le rapport d'étape publié mardi 13 octobre par la mission d'évaluation de la gestion de la crise du Covid-19 liste des "défauts manifestes d'anticipation, de préparation et de gestion". Le groupe de cinq experts est présidé par l'infectiologue suisse Didier Pittet et mandaté par Emmanuel Macron. Il remettra son rapport final au mois de décembre.
L'excès de mortalité à un niveau "intermédiaire"
Par rapport à ses voisins européens, la France occupe "une position intermédiaire" en matière d'excès de mortalité, mais "présente une chute de PIB particulièrement forte", liée "pour l'essentiel à l'intensité des mesures de confinement", constate la mission.
Pour apprécier l'intensité de l'épidémie, le rapport calcule notamment que la France est restée pendant 68 jours au-dessus du seuil d'un décès lié au Covid-19 par million d'habitants, contre 44 jours en Allemagne, mais 97 en Italie, 100 en Espagne et 183 aux États-Unis.
Un "retard" dans le déploiement des tests
En matière de dépistage, les experts font le constat d'un "retard" dans le "déploiement à grande échelle" des tests, en particulier par rapport à l'Allemagne, qui s'explique en partie parce que la France n'avait "pas l'habitude d'associer les laboratoires de biologie privée à la stratégie" basée initialement sur les seuls centres hospitaliers universitaires, a expliqué Pierre Parneix, médecin de santé publique au CHU de Bordeaux et membre de la mission d'évaluation.
Une gestion "satisfaisante" des conséquences économiques
La mission adresse un bon point à l'exécutif sur sa "gestion des conséquences économiques" de la crise sanitaire, qui lui "apparaît satisfaisante". Selon les experts, l'emploi a notamment "bien résisté" au regard de l'ampleur du choc sur l'activité économique, "grâce aux dispositifs d'activité partielle".
Certains facteurs ont toutefois aggravé l'impact du confinement sur l'activité, comme l'inquiétude des ménages, qui a pesé sur la consommation. Le rapport estime également que la chute de l'activité dans les administrations publiques et dans certaines activités de service aurait pu être moindre si le télétravail avait pu "pallier l'absence de travail en présentiel".
Le système hospitalier "a tenu", mais…
Autre satisfecit pointé par le rapport : le système hospitalier "a tenu" en France, "contrairement à d'autres endroits", a souligné Didier Pittet, en conférence de presse. L'"effort considérable d'adaptation et de mobilisation" fourni par les professionnels de santé "n'est pas forcément aisément renouvelable dans les mois à venir", avertit toutefois le rapport.
Des "conseils" pour gérer la résurgence de l'épidémie
Les "principaux constats" ont été réunis dans un rapport d'étape "pour donner des conseils qui puissent être utiles éventuellement en ce moment", a expliqué le Didier Pittet. Les experts émettent ainsi plusieurs préconisations pour la gestion de la recrudescence de l'épidémie, comme accroître la couverture vaccinale contre la grippe ou encore engager une étude approfondie sur la question des reports de soins, relève Le Monde (article payant).
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