Fin du masque dans les transports : il y a une "sous-protection" des immunodéprimés qui "continuent de mourir" du Covid-19, s'alarme une association
L'association Renaloo appelle le public "à continuer à porter le masque dans les lieux clos, dans les transports pour protéger les plus fragiles" et les pouvoirs publics à faciliter l'accès aux traitements préventifs et curatifs disponibles.
Yvanie Caillé, fondatrice de Renaloo, association de patients atteints de maladies rénales, a appelé les pouvoirs publics à "prendre des mesures de toute urgence pour mieux assurer la protection des personnes immunodéprimées" alors que le gouvernement lève lundi 16 mai l'obligation du port du masque dans les transports en commun. 300 000 Français sont sévèrement immunodéprimés. "Ils étaient très inquiets de cette échéance", explique-t-elle. L’association a lancé une campagne de sensibilisation le 28 février dernier pour inciter au port du masque dans les lieux clos. Mais plus encore, Yvanie Caillé regrette que seulement 20 000 immunodéprimées aient eu accès au "traitement préventif qui permet aux patients qui n'ont pas répondu à la vaccination d'avoir des anticorps protecteurs". Les traitements sont disponibles, mais ne sont pas utilisés, selon elle. "Il y a des gens qui continuent de mourir", s'alarme-t-elle.
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franceinfo : Comment les membres de votre association vivent la levée de l'obligarion du port du masque dans les transports ?
Yvanie Caillé : Ils étaient très inquiets de cette échéance qui est attendue maintenant depuis quelques jours. Ce matin, les réactions sont plutôt les constats qui sont faits. Le pourcentage de personnes qui ne portent plus le masque dans le métro ou dans les bus, dans les trains, c'est un peu ce type de remontées qu'on a avec une vraie reconnaissance pour les personnes qui continuent à le porter malgré tout. Et puis parfois, une certaine déception quand ils estiment que la proportion de masques baissés leur semble trop élevée pour assurer leur sécurité.
"On aurait préféré que le masque reste encore un peu obligatoire parce que le virus circule toujours fortement."
Yvanie Caillé, fondatrice de Renalooà franceinfo
On sait qu'il y a moins de tests, donc que les chiffres officiels ne reflètent pas la circulation réelle du virus. Et puis, les patients sévèrement immunodéprimés sont toujours à très haut risque de formes graves et ils ne sont pas ou mal protégés par la vaccination. Donc, pour eux, le risque d'être contaminés reste très important.
Comment sont traitées justement les personnes immunodéprimées face au Covid-19 ?
La France a été vraiment bonne élève pour essayer d'apporter une protection à ces personnes en termes de traitements préventifs et curatifs du Covid-19, puisqu’on a été parmi les premiers pays au monde à recommander le recours à certains traitements, et puis à commander les doses nécessaires. Mais aujourd'hui, malgré le fait que ces médicaments soient disponibles, ils sont très peu accessibles pour les patients immunodéprimés, c'est-à-dire qu'ils sont insuffisamment prescrits.
"Si je prends l'exemple du traitement préventif qui permet aux patients qui n'ont pas répondu à la vaccination d'avoir des anticorps protecteurs, actuellement, on estime qu'il y a environ 100 000 patients en France qui en ont besoin."
Yvanie Cailléà franceinfo
Et seulement 20 000 d'entre eux ont pu à ce jour y accéder alors qu'il est disponible depuis décembre dernier. On est vraiment sur une sous-protection de ces patients qui rajoute bien sûr à l'inquiétude après l'arrêt des mesures barrières et en particulier du port du masque.
Certaines personnes décident de rester chez elles et de ne plus utiliser les transports en commun. Vous les comprenez ?
Certains d'entre eux ont cette attitude depuis le début de la crise sanitaire. Ils sont rentrés en confinement en mars 2020 et ils n'en sont pas aujourd'hui réellement sortis. Certains continuent à faire extrêmement attention, à s'isoler, ce qui, évidemment, a des conséquences graves après deux ans et demi de pandémie. Ça a des conséquences parfois dramatiques sur leur vie familiale, sociale, sur leur travail, etc. Ce sont des situations compliquées. Et puis, d'autres avaient tenté de reprendre une vie aussi normale que possible avec plein de précautions. Mais c'est vrai que l'arrêt du port du masque, ça remet une pression supplémentaire sur ces personnes-là qui, pour certaines, vont tenter de renoncer aux transports en commun en espérant que la circulation virale va diminuer. Et pour d'autres qui n'ont pas le choix, ils vont porter un masque FFP2 extrêmement bien ajusté et fréquenter les transports en espérant ne pas être contaminés.
Avez-vous un appel à lancer ?
Deux messages. Le premier concerne tous les Français. Beaucoup d'entre eux ne sont pas forcément au courant de la situation des personnes immunodéprimées. C'est un appel à continuer à porter le masque dans les lieux clos, dans les transports pour protéger les plus fragiles qui peuvent être présents. Et puis, le deuxième message est plutôt en direction des pouvoirs publics. Il concerne l'accès aux traitements préventifs et curatifs pour les personnes immunodéprimées puisqu’aujourd'hui, la situation est difficile, les traitements sont disponibles, mais ne sont pas utilisés. Et donc, il y a des gens qui continuent de mourir alors qu'ils auraient pu être protégés par ces traitements. Je crois qu'il y a vraiment des mesures à prendre de toute urgence pour mieux assurer la protection des personnes immunodéprimées.
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