Entreprises : vers une annulation des dettes pour les sociétés les plus en difficulté ?
Certains prêts garantis par l'État pourraient être transformés en subventions. Les décisions se prendront par département, au cas par cas. Le défi du gouvernement ? Défendre l'emploi et la créativité, sans pour autant créer d'injustice entre les entreprises.
Boubakar Rajhi est aux commandes d'Air Control / Olympique Peinture, une PME dans le secteur de l'aéronautique à Frépillon (Val-d'Oise), qu'il a créée il y a une douzaine d'années. L'entreprise était florissante, jusqu'à ce que les avions de ses clients soient cloués au sol. Depuis mars 2020, il a perdu 80% de son activité, et contracté 150 000 euros de dettes pour payer ses charges. Un emprunt qu'il devra bientôt rembourser, comme le lui rappelle son banquier par email. Il envisage de demander un délai supplémentaire. "Sur le mois d'avril, il n'y a aucune commande, c'est impossible pour payer juin 2021, commente ce dernier. Et après, (…) si ça continue tout le temps comme ça, qu'il n'y a pas de travail, je ne crois pas [que ce soit possible] même pour juin 2022."
Identifier les entreprises dans le besoin
Mais une partie des dettes contractées auprès des banques, des fournisseurs ou des services de l'État pourraient être annulées. Le gouvernement prévoit une enveloppe de 3 à 4 milliards d'euros pour l'opération. Encore faudra-t-il identifier les entreprises qui en ont vraiment besoin. Délicat, selon Eric Heyer, économiste. "On va faire le tri entre les entreprises qu'on appelle des entreprises 'zombies', des entreprises qui sont dans une sale situation même avant la crise et donc on ne va pas les aider, des entreprises qui aujourd'hui ont perdu mais qui se portent quand même bien", détaille-t-il.
Depuis le début de la crise, "715 000 entreprises ont reçu plus de 135 milliards d'euros de PGE (prêt garanti par l'État)", indique le journaliste Viktor Frédéric, présent sur le plateau du 19/20, jeudi 15 avril. Parmi elles, des PME "mais aussi des grands groupes" comme Renault (5 milliards d'euros) et Air France (4 milliards d'euros). Seules 12% des entreprises "comptent avoir épongé leur dette dès cette année", ajoute le journaliste.
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