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En Égypte, diffuser des fausses informations sur le coronavirus peut être passible d'une peine d'emprisonnement

En cette période de crise sanitaire, le régime autoritaire du président Al Sissi verrouille un peu plus l’information. Les autorités égyptiennes viennent de durcir leur législation contre les fake news.

Article rédigé par franceinfo - Martin Roux, édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un volontaire portant un masque vaporise du désinfectant sur un homme, une mesure contre la pandémie de coronavirus, dans le village de Shamma (Egypte), le 1er avril 2020. (MOHAMED EL-SHAHED / AFP)

L’Égypte, pays de 100 millions d’habitants, vient seulement d’atteindre le cap des 1 000 cas recensés de coronavirus. Au cours du week-end, des soignants ont été testés positifs à la maladie. Cette contamination en milieu hospitalier alimente les doutes sur le traçage mis en place par les autorités, mais le ministère égyptien de la Santé assure encore maîtriser les foyers de contamination.

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Et gare à ceux qui contrediraient ce discours officiel. Désormais, diffuser des informations jugées erronées sur le coronavirus peut être directement passible de deux ans de prison. L’amende prévue s’élève a plus de 17 000 euros. Deux sites d’informations ont été bloqués, s'ajoutant à la longue liste des 500 sites internet inaccessibles dans le pays.

Car depuis une loi de 2018, la lutte contre les fausses nouvelles est une arme de censure au main du régime. Pour Sabrina Bennoui, directrice Moyen Orient à Reporters sans frontières (RSF), le régime saisit donc cette nouvelle opportunité pour faire taire les voix dissidentes. "Évidemment, la pandémie de coronavirus ne sert que de prétexte pour que les autorités égyptiennes puissent resserrer leur contrôle sur les médias et sur les journalistes", affirme-t-elle. "Et aussi, par la même occasion, pour réaffirmer le monopole de l'État sur l'information, c'est-à-dire qu'il n'y a que le discours officiel qui est admis, et que tout journaliste qui le remet en question d'une manière ou d'une autre peut être sanctionné", ajoute-t-elle. "Cela va d'un avertissement, à une expulsion pure et simple."

Une journaliste britannique expulsée

Une journaliste britannique a récemment été expulsée. Les autorités lui reprochent d’avoir remis en question le nombre officiel de cas de coronavirus. Ruth Michaelson, correspondante du Guardian, avait relayé une étude scientifique. Selon ses résultats publiés fin mars, il y avait alors autour de 6 000 personnes contaminées dans le pays. Il ne s’agissait pas du nombre de cas connus, mais bien d’une estimation d’ensemble incluant les cas non détectés.

Que cette étude soit exacte ou non, en cherchant à l’étouffer, le gouvernement n’a fait qu’alimenter les suspicions. "Les organes de répression du régime ne sont apparement pas en phase avec le ministère de la Santé", estime Timothy Kaldas, chercheur associé au Tahrir Institute for Middle East Policy. "De son côté, le ministère essaie d’être le plus transparent possible dans cette crise, affirme-t-il, car c’est essentiel que le public ait confiance dans le discours du gouvernement, pour respecter les mesures et adopter les bons comportements qui limiteront la propagation du virus."

Concernant ces mesures, un couvre feu est en vigueur depuis une dizaine de jours. En journée, les restaurants, les cafés ainsi que les mosquées et les églises sont fermées. Mais pour l’heure, pas de confinement total pour la population.

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