En Australie et au Royaume-Uni, la disparition des pièces de monnaie, victimes du coronavirus, s'accélère
La demande et l'utilisation de cash, considéré comme potentiellement porteur du Covid-19, sont en chute libre dans de nombreux pays anglo-saxons.
Lors de ce premier semestre 2020, 15 millions de nouvelles pièces devaient être mises en circulation en Australie par l’organisme qui frappe la monnaie, le Royal Australian Mint. Quinze millions, c’est la production habituelle correspondant à la demande mais, cette année, aucune pièce n’est sortie parce qu’il n’y a aucune demande des commerçants, depuis le début de l’épidémie. Les pièces déjà en circulation sont largement suffisantes, même chose pour les billets. Les retraits d’argent sont en chute : moins 30, voire moins 40% en mars et en avril.
L’Australie est pourtant relativement épargnée par le coronavirus : 103 morts pour 7 500 cas. Mais ça n’a pas empêché le paiement en liquide de plonger. Comme partout, le confinement a favorisé le commerce en ligne. Les autorités australiennes ont incité à payer par carte, pour ne prendre aucun risque sur une hypothétique transmission du virus par les pièces et les billets. Et puis, les bars ou les restaurants, où l'on paie facilement en liquide, ont cessé leurs activités. Avec l’assouplissement du confinement, l’utilisation du cash est légèrement repartie à la hausse, mais les autorités bancaires australiennes estiment que ce rebond est marginal. Le pli est pris.
Une baisse de 40% des retraits en 2020
Le même phénomène est observé dans plusieurs autres pays où les retraits d’argent liquide ont chuté pendant le confinement. Jusqu’à moins 90% en Espagne au début du confinement, moins 60% au Royaume-Uni, moins 40% en Irlande.Tous les gouvernements européens ont incité à payer sans contact, par téléphone ou carte bancaire. Au Royaume-Uni, comme en Australie, il y a une légère reprise ces derniers jours. Mais le réseau des cartes bancaires estime que sur l’année, la baisse sera de près de 40%.
La tendance à la limitation du paiement par cash était déjà perceptible un peu partout, mais elle était jusqu’à présent relativement lente, entre 5 et 10% de baisse, chaque année, chez nos voisins britanniques. L’épidémie vient d’accélérer le processus. En Australie comme au Royaume-Uni, certains banquiers estiment que la disparition de la monnaie et du cash, envisagée pour dans 10 ou 15 ans, pourrait désormais être effective d’ici deux ou trois ans. Seuls les plus de 65 ans continuent de privilégier ce mode de paiement.
L'inquiétude des transporteurs de fonds
Cette dématérialisation accélérée des paiements n'est pas sans conséquence. Les commerçants, tout d'abord, sont ainsi contraints de s’équiper du terminal bancaire. Dans la restauration, le pourboire, qui pouvaient constituer des sommes importantes, tend à disparaître. Et puis, il y a l’inquiétude des entreprises de transport de fond, dont l’activité a chuté ces derniers mois. Les banques ne s’estimant pas responsables, des dépôts de bilan sont possibles, ainsi que des fermetures de distributeurs d’argent, faute d’entretien ou d’approvisionnement, en particulier dans les localités rurales les plus isolées. Les DAB n'y sont plus rentables.
Pour l'anecdote, les banques ont quand même constaté la poursuite de certains retraits en liquide : les très gros retraits d’argent, en particulier en Russie et aux États-Unis. Constitution d’un bas de laine de précaution ou histoire d’argent sale ? Mystère !
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