Coronavirus : des dentistes posent nus sur les réseaux sociaux pour interpeller sur le manque de moyens de protection dont ils disposent
Déjà 75 photos "au naturel" circulent sur les réseaux sociaux, et une vidéo #dentisteapoil sera mise en ligne lundi soir sur Youtube. "On ne sera pas prêts le 11 mai", alertent les spécialistes de notre santé buccale.
À la mi-mars, contraints de fermer leur cabinet, les dentistes avaient offert et distribué leurs stocks de masques, gants et autres surblouses aux hôpitaux et maisons de retraite. Lundi 27 avril, ce sont eux qui appellent à l’aide dans le plus simple appareil pour interpeller les autorités sur le manque de moyens de protection dont ils disposent. Déjà 75 photos "au naturel" circulent sur les réseaux sociaux, et une vidéo #dentisteapoil sera mise en ligne sur Youtube lundi 27 avril.
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Leur visage est penché juste au-dessus du nôtre pendant les soins. Une double exposition au danger. "Lorsqu’on soigne un patient, nous sommes à 30 ou 40 cm de lui, en vaporisant des micro-gouttelettes qui contiennent des virus et des bactéries projetés jusqu’à 2 mètres autour de nous, puisque nos instruments tournent à 300 voire 400 000 tr/min", explique ainsi le docteur Thierry Desaule, qui exerce à La Clusaz, en Haute-Savoie.
Hervé Berdah, installé à Massy, dans l’Essonne, dénonce par ailleurs des excès dans la chaîne de distribution. "Quand je regarde leurs catalogues de l’an dernier, je m’aperçois que la boîte de surblouses est passée de 38 euros à 160 euros, déplore le praticien. Dans toutes les périodes de crise, il y a un marché noir qui s’installe et ça on va dire que c'est le marché noir 2.0."
Une nudité qui exprime le dénuement
Face au silence de l’État, Julie Zerbib, dentiste à Paris, a riposté avec une séance de photos dévêtues. "Aujourd’hui, on est à poil pour soigner, indique-t-elle. Est-ce que ça ne pourrait pas être une idée pour nous faire entendre ? Nous avons des patients qui ont mal, qui souffrent, certains de pathologies cardiaques. C’est inenvisageable de soigner dans ces conditions."
Des consœurs se sont jetées à l’eau. Maud Braun-Reys a elle aussi pris la décision de se mettre à nu dans son cabinet à Obernai, près de Strasbourg, et dévoile ses courbes et ses tatouages. "Au moment où j’ai cliqué sur ‘envoyer’, je me suis demandé ce que j’étais en train de faire, explique-t-elle. Les rôles sont inversés, c’est une drôle de sensation. D’habitude nous sommes en position de force face à des malades vulnérables. En nous déshabillant, nous nous retrouvons dans une situation de totale vulnérabilité." La fragilité a changé de camp et la nudité exprime le dénuement.
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