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Déconfinement de la culture : "Dans le spectacle, on a pas mal de monde qui ne peut pas retravailler", s'inquiète la CGT

Pour Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle, dans la culture, "ce n'est pas une vraie réouverture, c'est une réouverture partielle".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une salle de spectacle vide (illustration). (REMY PERRIN / MAXPPP)

"Si on regarde l'ensemble des annulations, beaucoup de festivals sont annulés pour la deuxième fois, d'autres se font dans des formats plus réduits", a expliqué samedi 22 mai sur franceinfo Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle, alors que le syndicat appelle à manifester à Paris et dans plusieurs villes. Après plusieurs mois de fermeture due à l'épidémie de Covid-19, les salles de spectacles ont rouvert le 19 mai dernier, mais doivent respecter des mesures sanitaires strictes.

franceinfo : Peut-on dire que la culture a été déconfinée ?

Denis Gravouil : Ce qu'on voit dans le spectacle, ce n'est pas une vraie réouverture, c'est une réouverture partielle. C'est sans doute très agréable de retrouver une salle de cinéma ou une terrasse de café, mais ça masque le fait que ça ne reprend pas tout à fait normalement. Dans le spectacle, on a pas mal de monde qui ne peut pas retravailler, parce que les concerts ne vont pas repartir tout de suite. On a un gouvernement qui continue à dire que tout va bien, à faire comme si tout allait bien. On nous dit qu'on peut donc reprendre, par exemple, la réforme de l'assurance chômage.

Ce ne sont pas seulement des lieux qui rouvrent de façon disparate, c'est aussi qu'on n'a pas pris en compte la précarité qu'ont induit les décisions du gouvernement, qui maintient la réforme de l'assurance chômage au 1er juillet, qui fait en sorte que les travailleurs les plus précaires, quel que soit le secteur, n'ont pas retrouvé de boulot, et qu'on les enfonce dans cette situation. C'est lié au fait qu'il y a des choses considérées comme non essentielles et que le gouvernement traite par-dessus la jambe. Il peut se servir de la crise pour faire disparaître du monde. Dans le spectacle, il y a peut-être trop de monde selon lui, et ce n'est pas la peine de les aider plus que ça.

Le Pass culture à hauteur de 300 euros pour les jeunes, et les autres annonces d'Emmanuel Macron à Nevers vendredi, c'est de la communication ?

Sortir 80 millions pour quelque chose qui va financer en grande partie Amazon et qui ne va pas, sans médiation culturelle, permettre aux jeunes de retourner au spectacle, c'est un scandale. Ce Pass culture, c'est l'inverse de ce qu'il faut faire. Ce n'est pas parce qu'on a une appli à côté de chez soi qu'on va aller découvrir le théâtre ou la salle de concerts que l'on ne connaît pas. Cela passe par de la médiation culturelle, et c'est là qu'il faut mettre du monde. Il faut permettre aux gens de se rencontrer, et ça passe par des contacts humains, pas par une application qu'on finance très cher.

Qui est concerné par la non-réouverture ?

Dans le spectacle, notamment dans le spectacle vivant, il y a beaucoup d'artistes ou de techniciens intermittents du spectacle. Si on regarde l'ensemble des annulations, beaucoup de festivals sont annulés pour la deuxième fois, d'autres se font dans des formats plus réduits. Il n'y a que la moitié des compagnies se rendant habituellement au festival d'Avignon qui sont inscrites cette année dans le off. On a une vraie crise de l'emploi.

Quand on voit qu'on peut trouver 80 millions d'euros pour un Pass culture qui n'a pas prouvé son efficacité, on se demande pourquoi il n'y a pas eu un plan de reprise, qui permet de proposer une multitude de spectacles, les gens en ont besoin. Nous, on propose une politique culturelle pour cet été : on pourrait imaginer créer plus de spectacles en plein air, sous chapiteau, ou dans les salles qui vont enfin rouvrir, et que ce soit l'occasion que le public retrouve le moyen de vivre.

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