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Covid-19 : un membre de l’Académie de médecine calme "l'enthousiasme excessif" pour un antiviral du laboratoire Merck

Jean-Louis Montastruc, professeur en pharmacologie médicale au CHU de Toulouse, a mis en garde vendredi sur franceinfo contre le molnupiravir, présenté par Merck comme un antiviral efficace contre le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Des gélules de molnupiravir, un antiviral développé par Merck pour lutter contre les formes graves et les décès liés au Covid-19, le 18 octobre 2021. (HANDOUT / MERCK & CO,INC.)

Jean-Louis Montastruc, médecin, professeur en pharmacologie médicale au CHU de Toulouse et membre de l’Académie de médecine, a mis en garde vendredi 12 novembre sur franceinfo contre le molnupiravir. Il s'agit d'un antiviral, présenté par le laboratoire Merck comme un médicament efficace "à 89% contre les hospitalisations et les décès" liés au Covid-19. "Le molnupiravir est un dérivé d'un médicament qui a eu quelques soucis lorsque l'on a voulu le mettre sur le marché il y a de nombreuses années. Il faut être prudent", affirme-t-il.

Les firmes Merck et Pfizer ont communiqué il y quelques semaines sur l'arrivée de pilules, le paxlovid et le molnupiravir, efficaces selon elles contre les forme graves. La France a déjà commandé 50 000 doses de ce dernier. Dans son allocution télévisée mardi, Emmanuel Macron a évoqué ces deux antiviraux comme une arme supplémentaire dans la lutte contre le Covid-19.

franceinfo : L'arrivée prochaine sur le marché de ces deux médicaments est-elle une bonne nouvelle ?

Jean-Louis Montastruc : On en parle beaucoup dans la presse ou dans les sphères gouvernementales. Les publications scientifiques, à ma connaissance, n'ont pas été présentées à la communauté médicale. Pour ces deux médicaments, le paxlovid et le molnupiravir, nous avons donc uniquement les données des laboratoires.

Est-ce à dire qu'il ne faut donc pas s'emballer ?

En général, les essais cliniques ne peuvent s'adresser qu'à une petite population. Ensuite, lorsque on a l'autorisation de mise sur le marché, le médicament est utilisé à une toute autre échelle, très large. Ce qu'il faut bien faire comprendre au public et aux patients, c'est que c'est à ce moment-là - celui de l'usage - que l'on voit véritablement le bénéfice à long terme et les éventuels effets indésirables. Or, le molnupiravir est un dérivé d'un médicament qui a eu quelques soucis lorsque l'on a voulu le mettre sur le marché, il y a de nombreuses années. Il faut donc être prudent. Le médecin pharmacologue que je suis est là pour stabiliser l'enthousiasme excessif sur le médicament et dire exactement quels sont les bénéfices et les risques.

Si ce n'est pas la solution miracle, qu'en est-il de la vaccination ?

S'il n'y a qu'un seul mot à retenir, c'est vaccinez-vous ! Vaccinez-vous ! Il faut que, dès le délai de six mois [après l'injection de la deuxième dose] écoulé, toutes les personnes reçoivent une troisième dose. Je vais au-delà des recommandations ministérielles. C'est la seule solution pour lutter contre la pandémie. Contre les virus, qu'il s'agisse du Covid-19 ou d'autres virus respiratoires, la seule arme que nous avons est le vaccin, tout le vaccin mais rien que le vaccin.

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