Covid-19 : seule personnalité de l’Oise non-confinée, la présidente du département joue la carte du pragmatisme face à l’épidémie
Alors que toutes les personnalités publiques de l’Oise sont confinées après avoir été en contact avec le maire de Crépy-en-Valois, testé positif au Covid-19, franceinfo a passé la journée avec Nadège Lefebvre, la présidente du département le plus touché par l'épidémie.
C’est la dernière personnalité publique de l’Oise, le département le plus touché par le coronavirus, à ne pas être confinée, contrairement à tous ceux qui ont été en contact rapproché avec le maire de Crépy-en-Valois, testé positif : le préfet, le sous-préfet de Senlis, le directeur régional de l’ARS, son directeur de cabinet ou encore la directrice académique de l’Education nationale.
"Je ne suis pas inquiète pour ma santé !"
La seule à être libre de ses mouvements est ainsi la présidente du conseil général du département, Nadège Lefebvre, une élue locale sans ambition nationale. Aussi, lorsque cette femme de terrain émet des critiques sur la gestion de la crise, c’est de façon pragmatique. Si elle a croisé la plupart des autorités du département en confinement mercredi, elle n’est pas vraiment inquiète : "Je ne suis pas inquiète pour ma santé ! Ce n’est pas parce que l’on est confinés que l’on est porteur du virus !", s’exclame-t-elle.
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Pour l’instant, elle est donc libre de se déplacer. Mercredi, Nadège Lefebvre avait rendez-vous à 11 heures en préfecture pour évoquer le problème de l’approvisionnement en masques des pompiers, qui en consomment 400 par jour et dont les stocks s’épuisent.
Les premiers 5 000 masques qui doivent arriver viennent de l’Essonne et de la Seine-et-Marne. On va continuer à mettre la pression pour que nous recevions ceux de l’Etat dans des délais corrects.
Nadège Lefebvreà franceinfo
Les masques sont donc un problème réglé : le département a de quoi tenir un mois et demi. L’autre inquiétude majeure dans l’Oise concerne les personnes âgées dépendantes. Aussi, Nadège Lefèvre est-elle prête à doubler les équipes d’une plateforme téléphonique, mise en place il y a un an. Au départ, son installation n’avait évidemment aucun rapport avec le coronavirus mais depuis quelques jours, les appels se multiplient.
Certains refusent les services d’aide à domicile
Dans le département, on veut aller plus loin. Car comme l’explique Isabelle Massou à la tête de la direction de l’Autonomie, certains bénéficiaires refusent les services d’accompagnement à domicile. "Notre enjeu, explique Isabelle Massou, au-delà des personnes qui sont déjà accueillies en établissement médico-social, c’est de vérifier qu’à l’intérieur des domiciles, quel que soit le lieu où on réside, on ne reste pas isolé sans que personne ne passe."
Certaines personnes âgées, parce qu’elles sont inquiètes, ont demandé à ce que nous ne passions plus, de peur qu’on leur ramène le virus de l’extérieur.
Isabelle Massouà franceinfo
Selon nos informations, depuis le début de la crise, 22 personnes ont refusé l’aide à domicile, de peur d’être contaminé. Il manque par ailleurs du personnel : la grande majorité des équipes des services d’aide à domicile de la zone de Crépy-en-Valois sont confinés. Et si à la demande insistante du département l’ARS vient de débloquer l’envoi de 12 000 masques, les bras viennent à manquer : à Crépy-en-Valois, sur 39 personnes, dans les services d’accompagnement à domicile, seules douze personnes peuvent encore travailler.
La ville subit toujours en effet de plein fouet les conséquences du coronavirus. Et à ce sujet Nadège Lefèvre a son mot à dire. Davantage qu’un appel du président de la République, elle aimerait plutôt qu’un membre du gouvernement appelle le maire de Crépy, confiné chez lui après avoir été testé positif au virus. "Il doit, se désole-t-elle, se sentir un peu tout seul et tourner chez lui comme un lion en cage !"
Dans dix jours, les électeurs doivent voter lors des élections municipales. Et il y a un point qui pose problème aux autorités : celui du stylo d’émargement. Lorsque franceinfo lui pose la question, Nadège Lefèvre rétorque, du tac au tac : "Eh bien chaque électeur n’a qu’à ramener son stylo !"
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