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Covid-19 : "Pour l'instant, ni le vaccin ni les tests ne sont affectés" par ces variants du virus, selon un chercheur de l'Institut Pasteur

Selon Etienne Simon-Lorière, il est possible que d'ici un à cinq ans, on se retrouve dans "des situations où le virus aura suffisamment changé pour que là, il faille mettre à jour les vaccins", comme cela est arrivé pour la grippe.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une infirmière prépare une aiguille destinée à vacciner un patient contre le Covid-19, à Vannes (Morbihan), jeudi 7 janvier 2021. (LOIC VENANCE / AFP)

Une vingtaine de cas de contamination au variant britannique du coronavirus sont avérés dans toute la France, ainsi que trois autres par un variant différent initialement repéré en Afrique du Sud, a indiqué le ministère de la Santé jeudi 7 janvier. "Pour l'instant, ni le vaccin ni les tests ne sont affectés" par ces variants du coronavirus, a expliqué vendredi sur franceinfo Etienne Simon-Lorière, responsable de laboratoire génomique évolutive des virus à ARN à l'Institut Pasteur. Il est donc "très important de suivre ces variants et de tester immédiatement", a-t-il souligné.

franceinfo : Est-ce qu'un variant est forcément plus dangereux que le virus originel ?

Etienne Simon-Lorière : Absolument pas. Très loin de là. En général, la plupart des mutations qui arrivent chez les virus, et en particulier les virus à ARN, disparaissent très rapidement parce qu'elles sont un défaut, un problème pour le virus. Ce qu'on voit le plus souvent ensuite se maintenir dans les populations, ce sont soit des mutations qui arrivent par hasard et qui ne changent pas grandement les propriétés du virus. Soit, et c'est très rare, il y a des petites modifications qui vont représenter des optimisations ou des petits changements comme celui qu'on voit par exemple pour le variant isolé en Angleterre, pour lequel on voit une légère augmentation de la transmissibilité.

Comment se fait-il alors que ces variants puissent devenir majoritaires ?

C'est une combinaison de facteurs, en partie les propriétés du variant, qui le rend légèrement plus transmissible. Et donc, c'est une course. Si une dizaine de personnes vont être infectées avec différents variants du virus, celui-ci, après quelques passages, après quelques transmissions à d'autres personnes, va aller un peu plus vite et donc se diffuser plus rapidement.

Est-ce que les autorités ont raison de s'inquiéter de ces variants ?

Oui et non. Oui, c'est très important de suivre ces variants et de tester immédiatement à mesure qu'ils sont identifiés s'ils vont affecter les vaccins, s'ils vont affecter les tests que l'on fait. Et pour l'instant, toutes les indications vont dans le sens qu'il était important de faire ces tests, mais que, ni le vaccin ni les tests ne sont affectés. Donc ce n'est pas un problème majeur. Par contre, dans l'autre sens, c'est important de rappeler à la population que le virus, que ce soit le variant anglais ou sud-africain ou le variant plus général qui circulent partout, est un problème et qu'il faut absolument continuer à maintenir les efforts, à maintenir les gestes barrières. Ce n'est que comme ça qu'on pourra prévenir sa diffusion en attendant des vaccins pour tout le monde.

Ce que redoutent les autorités, c'est une mutation de ce nouveau variant ?

À moyen et long terme, c'est ce qu'on craint. Plus on laisse le virus circuler et donc muter, puisque à chaque fois qu'il circule, il mute (et donc s'éloigner également du virus originel). Et donc, d'ici un, deux, cinq ans, on sera dans des situations où le virus aura suffisamment changé pour que là, il faille mettre à jour les vaccins. Ce qui est faisable. On le fait pour la grippe. Ce n'est pas forcément quelque chose qui est parfait. Il y a souvent un petit temps de battement entre le moment où on réalise qu'il faut faire la mise à jour et les quelques semaines ou mois (nécessaires) pour faire cette mise à jour. Et donc, idéalement, on veut prévenir au maximum la diffusion du virus.

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