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Covid-19 : "Plus de 120" migrants sont maintenus "en zone d'attente" de l'aéroport de Roissy dans des conditions sanitaires "pas à la hauteur", dénonce une association

Exiguïté, absence d'aération, de désinfection, de masques, de gel hydroalcoolique... En dépit de nombreuses démarches auprès des autorités et des juges, personne ne prend ses responsabilités. L'Anafé jette l'éponge pour protester, comme la Croix-Rouge avant elle.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une chambre dédiée aux personnes maintenues en zone d'attente de l'aéroport de Roissy (illustration). (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Après la Croix-Rouge il y a quelques jours, l'Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) se retire de la zone d'attente de l'aéroport de Roissy pour dénoncer les conditions de vie des personnes étrangères interdites d'entrée en France qui y sont actuellement présentes. Des conditions sanitaires "pas à la hauteur des prescriptions nationales", assure sur franceinfo mardi 27 avril Laure Palun, sa directrice.

franceinfo : Vous décrivez une situation extrêmement difficile sur place, pourquoi avoir décidé de vous retirer ?

Laure Palun : Depuis des mois, on dénonce les conditions sanitaires qui ne sont pas à la hauteur des prescriptions nationales. La situation a empiré depuis quelques jours avec l'augmentation du nombre de personnes maintenues. On est à plus de 120 personnes aujourd'hui en zone d'attente, avec une dégradation des conditions pour les personnes enfermées.

Quelles sont ces conditions ?

Dans la zone d'attente, il n'y a aucune aération naturelle des lieux. Les couloirs sont exigus, la distanciation physique n'est pas possible. Les personnes partagent leur chambre, pas forcément avec des gens qu'elles connaissent. Il n'y a pas de désinfection des lieux et notamment des cabines qui sont utilisées par tout le monde. Les masques sont mal ou pas portés. Il n'y a aucun gel hydroalcoolique ou savon en libre-service. Les gestes barrières ne peuvent pas être respectés en zone d'attente.

Les autorités sanitaires assurent que la situation est sous contrôle et que personne n'est malade. Ce n'est pas ce que vous constatez ?

Depuis le 1er avril, on a eu une quinzaine de cas de personnes qui avaient été détectées, atteintes du coronavirus ou cas contact. Et la crainte actuellement, c'est que ce nombre augmente vu les conditions à l'intérieur de la zone d'attente.

Est-on en train d'abandonner ces personnes à leur sort ? Vous n'aggravez pas les choses en vous retirant ?

Cela fait plusieurs mois qu'on incite les juges à prendre leurs responsabilités, que ce soit le juge administratif ou le juge judiciaire. Ils peuvent mettre fin à l'enfermement et notamment sanctionner les conditions sanitaires indignes.

"La semaine dernière, on a saisi à la fois le tribunal administratif et à la fois le juge judiciaire et aucun des deux n'a pris sa responsabilité. On a décidé de se retirer pour protester."

Laure Palun, directrice d'Anafé

à franceinfo

Qu'est-ce qui pourrait vous faire revenir ?

Le fait que, à l'initative de l'Agence régionale de santé, les autorités aient mis en place des procédures spécifiques pour le personnel est un premier pas. On attend qu'il y ait potentiellement la même chose pour les personnes enfermées, qu'elles puissent avoir accès, si elles le souhaitent, à des tests et si ce n'est pas le cas, que ces lieux ferment.

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